23.7.07

Le livre, les pâtes et ma mère...

Quel mystérieux titre ai-je donc pondu là vous demandez-vous? (Par contre vous ne vous demandez pas à quel film je l'ai emprunté j'espère!)

Eh bien, rappelez-vous il y a quelques temps, j'avais fait l'acquisition du 4ème et dernier volume de la fresque de souvenirs pagnolesques. N'ayant jamais lu l'ouvrage, j'étais fort aise de l'avoir dans ma bibliothèque. J'ai donc commencé à le lire lundi passé. Et voila-t-y pas qu'en allant dans ma petite épicerie en dessous de chez moi, tenue par mes proprios tout ce qu'il y a de plus grecs mais tout ce qu'il y a de plus commerçants aussi - entendez par là qu'ils s'adaptent à leur environnement et que nous sommes dans la Petite Italie, ce qui est important pour bien comprendre la suite! - je tombe sur un singulier paquet de pâtes alimentaires.

En quoi est-il singulier vous demander vous confits? Eh bien, ce sont des pâtes alimentaires fort élémentaires mes chers watsoniens lecteurs. Ce qui est singulier, c'est la marque... PAONE!!! PA-O-NE! Oui, maman, comme toi, mes pâtes sont des Paones!!! Qui eut cru qu'à quelques 6000 km de toi, il m'eut été donné de penser à toi en mangeant des pâtes italiennes, non parce que je dégustais ta sauce maison que tu m'aurais fait parvenir par un quelconque pli, mais parce que l'un de tes cousins a eu l'intrigante idée de se mettre à les fabriquer (depuis 1878 quand même!) et surtout à les vendre ici, à Montréal!!!

Ne pouvant résister à ce message de la Destinée, j'ai pris cette photo toute symbolique, cette nature morte reliant Aubagne, ma mère et la Provence:


Tiens en passant, on trouve quand même 44 inscriptions de Paone à travers tout le Canada, mais pas une seule en dehors de la mienne pour les L. quand même! C'est papa qui va être content hein ;)

13.7.07

Des nouvelles

Après 3 jours d'intérim (avec Adecco!) en saisie de données chez Jacob, me voila partie pour un nouvel emploi dès lundi.
Mais ce n'est pas tout dans les magnifiques nouvelles et rebondissements qui parsème ma vie quotidienne. Ma demande pour intégrer le programme "Certificate of proficiency- English for professionnal communication" à l'université McGill a été acceptée et je dois donc commencer mes cours cet automne.
Je serais donc très probablement étudiante dès la fin du mois d'août, pour mon plus grand bonheur et la plus grande fierté de JF.

Le coq a bien chanté!

Après avoir laché mon boulot à la garderie le 5 juin dernier (une exploitation sans nom qui prétend éduquer les enfants... Perso, je trouve assez effrayant ce système qui n'a pas le temps de soutenir les éducatrices parfois bien peu formées tout en leur demandant de porter les casquettes de comptables, cuisinières, gestionnaires, agent de communication et marketing, pédagogue, animatrice, infirmière, psychologue... Qui paye une misère, qui offre bien peu de place, qui n'offre aucune équivalence, et qui n'a d'universel au final que le nom! L'idée encore une fois était bonne mais bien trop mal appliquée! Mais passons), j'ai pu réalisé un excellent stage en journalisme sportif à Québec Soccer, le magasine de référence depuis 30 ans en matière de football.
Une expérience enrichissante à la fois professionnellement et humainement avec la rencontre de personnes vraiment passionnées par leur métier, intéressantes et drôles parfois même.

Je reviens par ailleurs d'un repas ce soir à la Molisana (que je conseille en passant, situé au 1024 Fleury Est, un restau italien vraiment très bon) en compagnie du noyau dur de l'équipe. J'ai rencontré le dernier des collaborateurs que je ne connaissais pas, une pointure ici, M. Georges Schwartz, ancien commentateur à Radio-Canada et RDS, qui commenta les coupes du monde de 86, 90 et 94 entre autres et les JO de 76.
Un moment d'excellence de voir ce bonhomme sans âge aux yeux malicieux remémorant ses souvenirs de journalistes, les péripéties des commentaires en direct comme en différé des matches de soccer ici au Québec.

Une belle journée que celle d'aujourd'hui car plus tôt en journée, je me suis installée à la table de couture de l'Effiloché (6252 St Hubert) avec une grand-maman toute à son ensemble de naissance pour son petit enfant à naître à la fin du mois.
Elle tricotait avec beaucoup d'application la brave dame qui se disait si peu manuelle, souffrant de ses mains arthritiques et de son psoriasis. Un vrai charme de bonté et de tendresse.

Point commun de mes deux coups de coeur humains de la journée? Ils sont tous deux français immigrés ici il y a plus de 40 ans chacun, ne se connaisse pas, mais sont tous deux de bien beaux représentants de cette mère patrie qu'on maltraite bien plus qu'à notre tour.
Il est ici 23h05, à la veille de la bonne vieille fête nationale, un coup de coeur tricolore !

3.7.07

Dernière chronique 2007

Et voila cette deuxième saison de chroniques achevée pour l'été. Cette année encore je termine sur le thème de la Saint Jean Baptiste, fête nationale du Québec.

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de la Saint Jean-Baptiste, fête nationale du Québec.

Après la théorie de l’an passé, je vais y aller de la pratique de cette année.

Alors que la majorité des immigrants déjà installés se rendaient sur les Plaines à Québec ou au parc Maisonneuve à Montréal, voire à un show des Cowboys à Repentigny, je m’embarque samedi 14h dans le métro direction Longueuil pour prendre l’autobus 200 en direction de Beloeil.

Je pars camper…à la frontière des États, à Lacolle, chez un cousin de Ti’Namour. Un pan de sa famille que j’avais rencontré dans une bien triste circonstance l’automne passé alors que l’oncle de Ti’Namour, le père de notre hôte, allait s’éteindre dans un hôpital de Montréal. Une famille déjà ébranlée quelques 10 ans auparavant par le cancer fulgurant de leur jeune frère, de feu le père de Ti’Namour; deux hommes aux dires généraux qui se ressemblaient, deux êtres exceptionnels qui ne m’aura pas été donné dans cette vie de connaître. C’est donc à une Saint Jean familiale que je m’apprête à aller.

Juste le temps d’arriver chez ma belle-sœur et de charger la Wesfalia, on jase autour d’un bon californien rosé et en route pour le party.

Enfin à Lacolle, on arrive dans un méga party de famille pour les 3 ans de la petite cousine, toute blonde, toute cute. Cris d’enfants, rires des parents et Beau Dommage feront la bande sonore de cette fin d’après-midi.

On se salue, on discute, on mange quelques trempettes.

Ici je discute avec cette québécoise exilée à Toronto qui avouera plus tard dans la soirée n’avoir jamais pris pour les Leaves tandis que là son conjoint anglophone « only » partage un jeu de crosse avec sa fille et moi. Plus loin je discute avec celui qui fut notre Père Noël au party cet hiver et plus loin avec une petite boule d’énergie, qui, du haut de ses 4 ans, mènera les futures chasses aux couleuvres de cette journée.

Puis voila le temps des cadeaux et des très prolifiques « Oooooh » répétés à la perfection par la petite M. en ouvrant ses cadeaux tous plus « Doraesques » les uns que les autres. Finalement, le souper est servi.

Porc et bœuf grillé, tomates et oignons marinés, olives, concombres, patates en robe des champs et crème sûre, fèves aux 3 couleurs, trempette aux artichauts et petits pains régalent la trentaine de convives et leurs quelques 15 enfants de 3 à 11 ans.

Bières et vin viennent liquéfier le tout, sans exagération toutefois, garantissant belle humeur et bonne entente, à moins que ce ne soit l’inverse ?

La nuit tombe paisiblement sur ce petit groupe en goguette, mais le vent qui souffle depuis le début de la journée lui ne cesse pas. Les chandails apparaissent, les souliers se ferment.

Pour le plus grand bonheur des petits, et des grands, un beau gâteau au généreux crémage et aux bonbons fait son apparition, accompagné de son cortège de tartes au sucre ou aux pommes. On troque peu à peu les bières contre du café et du thé et la vie s’écoule paisiblement. Mais avant que la nuit ne soit trop noire, la pinata est annoncée. Quelques petits coups suffiront à décapiter la comparse de Babouche et les jauges de sucre des plus jeunes vont exploser, les bracelets et autres bagues luminescentes égayant les quelques dernières courses échevelées des petits diables.

Rien de tel après ça qu’une chasse aux mouches à feu ­ des lucioles­, pour dépenser une heure d’énergie. Petits et grands crapahutent dans les champs de blé d’Inde environnants et remplissent qui une bouteille qui une cage à insectes. Les petits sont à ce jeu là plus doués que les grands, mais la joie et la surprise sont collectives : elles sont si faciles à attraper ces petites bêtes que bientôt une trentaine d’entre elles brillent asynchrones dans la bouteille et presque autant dans la petite cage.

La nuit est donc déjà bien entamée, mais personne n’est fatigué encore. Assise sous la petite ourse, je converse à tour de bras et savoure le fait qu’ici je ne suis pas « la française » ou « l’immigrante » mais bien plutôt « la fiancée » voire « la cousine ».

Le vent semble enfin faiblir et l’une des premières activités nocturnes les plus attendues peut enfin avoir lieu : le feu d’artifice ! Mais avant, un tour de tondeuse pour la gang de petits décidément pas encore couchés ! Ils embarquent tous dans la remorque arrière de la tondeuse, la reine de la fête s’installe en avant avec son papa et roulez jeunesses !

Installés en rase campagne, à 5 minutes de la frontière des États, petits et grands savourent le bonheur d’une soirée familiale illuminée par un big blast et des fontaines jaillissantes. Un travail d’amateur qui vaut presque les professionnels annulés ailleurs dans la province.

L’arrière garde que nous sommes se déplace lorsque le bouquet final s’en vient, bombardés que nous étions par les cartouches en carton que le vent nous ramène. On profite aussi pour aller éteindre les quelques flammèches qui sont retombées. Ce serait tellement triste que la soirée finisse en grosse flambée involontaire. C’est sûr, on est le soir de la Saint Jean, mais faudrait pas exagérer !

Le vent fait une timide réapparition, mais les gens ont résisté jusque là et le feu d’artifice a vécu, alors pourquoi pas le feu de joie maintenant. La grosse montagne de bûche initialement prévue reste de côté et un petit tas plus modeste est rapidement bâti à côté. Et la flambée païenne commence, réchauffant les corps meurtris par le froid de la nuit. Un cercle se crée tout autour, les couvertures s’entrouvrent pour laisser entrer cette nouvelle source de chaleur, les muscles se détendent, les discussions reprennent de plus belle. Telles les cérémonies du temps jadis, celles-là même que la Saint Jean Baptiste française vient fêter, notre cérémonie du feu vient de redonner à tous regain d’énergie et bonheur de la lumière et de la chaleur retrouvées. Un petit miracle de plus à ajouter à celle longue soirée déjà bien remplie.

Mais allumer un feu n’étant pas en soit un acte bien complexe, nous voici mis au défi de réussir la recette des « biscuits graham-chocolat-guimauve ». On joint l’exemple à la parole, et notre hôte s’y colle : « On prend un biscuit Graham, on pose un carré de chocolat dessus. On réserve l’autre biscuit pour ensuite. On pique sa guimauve sur le bâton ci-présent, les adultes seulement, et on fait griller. Noir ou juste roussis, c’est à votre propre goût. Lorsque la cuisson désirée est afin atteinte, on approche sa guimauve du chocolat, on le pose dessus et avec l’autre biscuit on l’enlève du bâton. Vous n’avez plus qu’à déguster le tout avec force de « mmmm » et « miiiiiammm », s’il vous plaît ! ». Au diable les régimes et les jauges de sucre explosées, le sort des guimauves et du chocolat est très vite réglé.

La soirée tire bientôt à sa fin pour tous. Le signal est rapidement donné par les premiers pleurs inexpliqués des plus jeunes et les couvertures ronflantes que sont devenus les plus grands. Les parents tirent donc leur révérence les uns après les autres et lorsque les coups de 2h sonnent enfin, nous ne sommes plus 10 devant le feu, critiquant avec beaucoup de bonheur la liste musicale que l’ordinateur nous offre : Céline, Garou, Céline, Sardou, Céline, Céline, Céliiiiiiine… Finalement, la soirée se terminera sur les coups de 3h, et les deux campeurs que Ti’Namour et moi étions ne dormiront pas dehors, car loin du cercle du feu, il fait 10°C et la rosée n’est pas encore là. On en a tué pour moins que ça nous dit-on. Nous nous coucherons donc au chaud dans un vrai lit cette Saint Jean là, heureux et repus, moi avec une grosse dose d’amour familial dans le cœur et la fierté d’être québécoise dans les tripes.

Bon été à tous donc et prenez le temps de savourer les petits bonheurs de votre vie quotidienne, où que vous soyez, c’est ce qui fait que vous serez heureux n’importe où dans le monde…