24.12.07

Le temps des fêtes au Québec

Ho ho ho! Santa Claus is coming to town!

Eh oui, le temps des fêtes au Québec, c'est comme être dans un film états-unien. Car le temps des fêtes au Québec est un temps particulier dans l'année.
Oui en France on trouve des Pères Noëls dans les centres commerciaux, de la décoration, quelques chansons, mais c'est sans commune mesure comparable avec les fêtes ici.

Le temps des fêtes au Canada, ça commence début décembre avec la sortie des timbres spéciaux.




Le premier, qui reprend, dixit annuaire philatélie, une oeuvre du peintre Antoine-Sébastien Falardeau, est destiné aux courriers internes à la Confédération.
"La joie" est envoyée sur les USA et "la paix" sur l'Europe. Le dernier, timbre permanent sur le thème du cerf/renne, s'accorde parfaitement à ma carte de l'année (choisie sur Vista Print en novembre soit avant la sortie du dit timbre):


Mais Postes Canada ne se contente pas d'offrir des timbres pour les fêtes, Postes Canada est également le centre officiel mondial de traitement du courrier adressé à Santa Claus, Saint Nicolas, le Père Noël.
L'adresse du Père Noël? Ben si vous posez la question c'est que vous n'êtes pas un enfant, c'est sûr. Bon alors si vous la demandez et étant donné que je l'ai, je vais vous la donner:
Père Noël
Pôle Nord, Canada
H0H 0H0

Le temps des fêtes pour nous, ça a aussi été l'occasion de s'acheter un sapin... Imprévu mais puisque nous faisons un Noël des amis à la maison le 26, on ne pouvait le passer sans sapin tout de même.


On aperçoit au pied du majestueux arbre notre ensemble à fondue au chocolat, cadeau de JF à moi et de moi à JF ;)
En parlant chocolat, le temps des fêtes de cette année a aussi été l'occasion de refaire des truffes au chocolat maison (j'avais essayé v'là 3 ans):






Emballés dans une boîte fait maison:

Nos friandises seront probablement appréciées par les gens qui vont les recevoir.

Joyeux Noël à tous et que la joie soit avec vous ce soir!

22.12.07

Premier jour de vacances

Premier jour de vacances, la maison est pleine de la fatigue qu'on accumule moi depuis cet été, JF depuis 2 semaines.
Alors que je m'étire pour m'extirper du canapé et de ma contemplation de la neige qui fond sur le balcon, je me demande ce que fait mon homme.
J'aperçois d'abord Sanzô qui a élu domicile sur mon écharpe depuis quelques jours:


Je me dirige ensuite vers le bureau :


Un tour de maison plus tard, je peux le dire, on profite de notre première journée à 0.2 m à l'heure.
Bon ben je vais aller faire une sieste moi aussi, après tout le temps gris n'invite guère à plus d'activité!

18.12.07

Caricature du jour

La Presse, 18 décembre 2007, Montréal. Serge Chapleau.

Caricature post-tempête du 16 décembre:




4.12.07

Première tempête sur Montréal

Ils avaient prévus 30 cm de neige et ce sont finalement 23 qui se sont abattus sur Montréal hier.
Partie dans la tempête hier après-midi pour Québec, je peux vous dire que la 20 a été balayée par les vents et pas qu'un peu. Entre la poudrerie qui vous aveugle et la souffleuse qui crache la neige déblayée dans le vent, c'était parfois très délicat d'avancer.
Mais on s'est rendus à bon port et quel bonheur que le vieux Québec sous la neige avec toutes ses décorations de Noël!
Nos activités de l'année se sont donc terminées avec la défection d'une grande partie de nos membres, de Sherbrooke à Chicoutimi et Rivière du Loup, beaucoup n'ont pas tenté la traversée dans la neige. Certaines de Baie Saint-Paul et de Rimouski l'ont fait mais notre principal intervenant n'a pas pu se déplacer, coincé à Ottawa par une annulation successive de deux vols en matinée. Un autre de nos intervenants situé sur la rive sud de Québec à 10km de la salle de notre activité a mis 2h! pour se rendre jusqu'à nous.
Laissez-moi vous dire que c'est tombé et pas à peu près.
Oui mais qu'est-ce que c'est beau!

Deux vidéos de Radio-Canada pour s'en convaincre tout d'abord:
Nouvelles du 3 décembre.
Bilan le 4 décembre

Et quelques photos dans ma rue et sur le chemin du boulot aussi:







Quand est-ce qu'on recommence?
Bon j'en vois se dire qu'il doit faire froid mais détrompez-vous, quand il neige, il fait bien moins froid que lorsqu'on a un grand soleil. Car lorsqu'il neige il fait habituellement entre -5° et 2°C. Tandis qu'un grand soleil peut-être le signe d'un -15°C voire d'un -30°C avec un facteur vent modéré. Le soleil est glacial au Québec, et on apprend assez facilement à décrypter à sa lumière s'il fait frette, froid ou glacial! Et on comprend également beaucoup mieux en vivant au Québec pourquoi les québécois sont si friands de discussions météorologiques.
Leur pays c'est l'hiver, et l'hiver ici c'est tout un état d'esprit et un mode de vie! On vient de renouer avec, Noël sera-t-il blanc cette année?

1.12.07

Portrait du bonhomme hiver

Nouvelle semaine, nouvelle chronique.

La neige est tombée récemment sur Montréal. On a un beau -11°C actuellement. L'hiver est là cette fois. Et je doute qu'il nous lâche avant le printemps.
J'ai hâte d'aller voir Québec enneigée cette semaine avec notre déplacement à la job. Enfin si on va dans le vieux. Je suis sûre que le coin du Cochon Dingue sous la neige doit valoir le détour de 5 minutes.

Bonne lecture.

Portrait du Bonhomme Hiver

« Écoutez les clochettes, du joyeux temps des fêtes
Annonçant la joie de chaque cœur qui bat
Au royaume du bonhomme hiver

Sous la neige qui tombe, le traîneau vagabonde
Semant tout autour nos chansons d'amours
Au royaume du bonhomme hiver »

Ah le retour de l’hiver! La beauté des paysages blancs, la froideur qui mord les joues à les faire rougir, la joie des petits et des grands du retour des patinoires et autres glissades.

Hé, c’est qu’on a eu ça pas mal vite cette année hein ? Chais pas si vous êtes comme moi, mais j’avais beau avoir descendu la valise des affaires d’hiver et acheté des bottes, j’étais pas prête moi encore à voir la neige. Impatiente mais pas prête.

Pis j’avais presque oublié moi qu’il existe un hiver ici. Ce qui me console c’est que mon chum n’avait pas l’air plus prêt.

Oh je vois déjà les gens des régions qui se disent « Ah ces montréalais! ». Ben ouais je sais bien, mais en plus imaginez que ce n’est que mon 3ème hiver et que le précédent n’a pas été à la hauteur de sa réputation.

Quelle réputation ?

Ben là, vous savez bien : les bancs de neige hauts de même, les jours de classe qui sautent, les tempêtes ancestrales.

C’est vrai, quand on écoute les québécois parler de leur hiver, moi j’entends souvent les cigales qui chantent.

Des cigales en hiver? Ça y est elle est gelée du cerveau celle-là.

Ben oui les cigales de la galéjade pardi. Nan parce que je veux bien croire que les hivers de vos enfances étaient plus rudes, c’est sans doute en partie vrai. Mais la mémoire est un outil pervers qui transforme les souvenirs et les travestis au fil de notre expérience de vie.

Alors je veux bien croire que si vous étiez enfant en mars 1900 (47 cm de neige sur Montréal, 55cm en 2 jours), en décembre 1933 (avec un record des températures hivernales et -34°C sur Montréal) ou en mai 1963 (tempête la plus tardive sur Montréal un 10 mai avec presque 22 cm)[i], vous avez amplement de quoi dire que les hivers étaient rudes. Mais, comme dirait Ming (Mélodie Lapierre), dans Pure Laine, à Dominic son papa adoptif (Didier Lucien), quand vous étiez haut comme 3 pommes, tous les bancs de neige vous dépassez. Arrêtez donc de nous faire accroire le contraire….

Bon ok, il y a eut par après, quand vous étiez de jeunes ou moins jeunes adultes, encore quelques épisodes des plus intenses qui ne feront pas parjurer Gilles Vigneault.

Si on pense notamment à la tempête de verglas de 1998.

Hein comment ça pas plus tôt ? Ben ouais, voila un autre mythe qui s’effondre. Quand on écoute certains, cela semble si vieux qu’on oublie que c’était y a seulement 10 ans. Vous n’avez jamais eu l’impression vous que ça c’était passé y a plus longtemps ? Ah, ça doit être moi qui suis tombée sur des récits aux allures mythiques alors.

Figure 1 - Zones touchées par le verglas (Environnement Canada)

Ça n’enlève en rien que ce fut un gros épisode marquant pour les Québécois qui l’ont vécu hein, loin de là. Il faut quand même se rappeler qu’en ce mois de janvier entre 40 et 100 mm de pluie verglaçante se sont abattus sur une partie du Québec, la Montérégie en grosse partie (cf. figure 1).

Mais là encore, les cigales chantent parfois quand le père de mon beau-frère en parle. Habitant Beloeil, il a évidemment quitté son domicile pour rejoindre certains de ses enfants qui eux avaient de l’électricité. Mais rebranché assez vite, si vous l’écoutez, il est resté presque un mois pogné … Et M.-A. qui racontait qu’il avait patiné sur les trottoirs de Montréal. Oui patiner, avec des patins à glace. Je dis pas que c’est impossible, vu la quantité ça devait même être le mieux à faire… Mais il a les pieds plats et n’a jamais voulu patiner avec nous autres, et dixit son ex-blonde, il n’a même jamais patiné depuis qu’elle était avec lui soit en septembre … 1997.

Écoutez, vous ne les entendez pas vous aussi alors les cigales?

Je me moque, mais quand même, faut bien reconnaître que ce pays, c’est l’hiver. Soyons honnêtes, dans notre imaginaire, qu’est-ce qui fonctionne le mieux pour évoque le Québec? Les maringouins, le festival de jazz et Marc Labrèche ou la neige, les traineaux, le skidoo, les patins, le chalet et le bucheron-à-la-guitare-acadien-même-pas-québécois Roch? Moi je suis honnête, si les chiens ne me branchent pas, c’est bien la neige qui m’évoque le Québec au-delà de toute autre chose.

Alors, pour les immigrants qui ne sont pas encore là, c’est quoi l’hiver pour moi?

Je ne mentirais pas en disant que non non fait jamais froid, c’est le fun tout le temps. Oui il y a des journées, particulièrement en janvier et février, où il fait froid merci. Les joues qui gèlent, la goutte au nez hivernale et quasi permanente prend la forme d’un stalactite, l’air semble sec tellement vos narines se rétrécissent de froid, les yeux brûlent et pleurent, les oreilles ou les mains mal couvertes se vengent par une armée de fourmis aux dards acérés qui se mettent en branle dès le chaud retrouvé.

Oui tant que ça.

Mais l’hiver c’est aussi le retour des activités cocooning entre amis. Un bon vieux Astérix des familles, une bouteille de vin et 6 grands dadets de 23 à 30 ans qui se retrouvent dans un appartement du Mile-End en ce beau dimanche soir.

C’est aussi le temps des escapades dans le sud pour certains. Les sorties à la montagne pour une journée de ski ou à la « Montagne » pour du patin. Le chocolat chaud bien mérité, les ballades en raquettes. La fin de semaine au chalet parfois aussi.

C’est sûr, y a la sloche qui dégoûte partout dans votre corridor, les bas de pantalon qui se mouillent si vous ne les mettez pas dans vos bottes, le temps fou d’habillage des petiots qui ont inéluctablement « envie » une fois qu’ils sont parfaitement habillés, les profs d’école revêches qui trouveront à redire sur la façon d’habiller votre dernier.

Mais y a aussi les sons atténués qui permettent de dormir parfois bien mieux, la lumière si légère et si particulière à l’hiver, l’air qui semble si purifié.

Y a ces 400 heures et plus d’ensoleillement hivernal qui donne la pêche aussi. Certes c’est comparable à Nantes mais Nantes je n’y vis pas moi alors je compare pas.

Ah puis avec le redoux, la neige c’est important, parce que sans neige, pas de tire!

Certains demandent comment ne pas déprimer en hiver : profitez-en pardi!

Le soleil d’abord, gorgez-vous en, c’est essentiel pour le moral. Me demandez pas exactement le phénomène mais les UV aident à la libération d’une hormone sympathique, la mélatonine (oui la même qui fait bronzer). Mais pas parce que nous bronzons justement même si avoir un beau teint peut donner un bon moral, ça fonctionne par la vue cette patente là. Donc profitez d’abord du soleil.

Faites de l’exercice aussi. Profitez de l’air exempt de tous germes ou presque (sont pas si résistants que ça les bestiaux, trop froid c’est pas propice à leur développement !) pour aller découvrir la ville à pied. Allez visiter le cimetière Côte des Neiges maintenant qu’il est de nouveau rendu présentable ou presque. Puis en remontant un peu plus haut allez faire du patin ou des tubes au Parc du Mont-Royal. Si vous accrochez au patin, foncez à Bonsecours, à Lafontaine, au parc du Père Marquette aussi. On en trouve partout et on peut parfois même patiner avec le carrosse (la poussette) de bébé. Hé oui pas d’excuses que les rollers roulent mal sur la glace !

En finissant votre escapade, allez profiter des gourmandises en allant prendre un chocolat chaud. Ou une part de tarte.

Pis si ce matin il fait froid et que ça vous tente pas, mais que le soleil brille, n’attendez pas des heures pour en profiter, le temps vire parfois vite et si vous DEVIEZ aller quelque part et que ça vous tentait pas dans de bonnes conditions, vous allez encore moins apprécier si elles sont mauvaises.

Bon c’est sur, c’est facile de dire ça, comme c’est facile de discuter des trucs contre le froid : vaseline pour la peau ou pas? Mitaines pas de doigts ou gants? Bottes mode ou grosses et chausson amovible? Capuche ou pas capuche? Kanuk ou North Face?

Ouais c’est facile parce qu’on le veuille ou non, on a chacun son astuce pour passer au travers de l’hiver.

Mais il est rarement évident en tant qu’immigrant de réussir à le dompter si on le fuit.

Alors affrontez-le dès à présent, laissez à votre corps l’opportunité d’apprendre et de développer des moyens de défenses, parce qu’à moins d’être chanceux, vous ne passerez pas les 5 mois prochains mois en Espagne comme ma belle-mère avant votre retraite.

Ou à moins de rentrer chez vous, vous serez pogner à vivre dans ce pays, l’hiver, pendant encore de longues années.

Alors, découvrez-le, parcourez-le, domptez-le et vous aussi vous entendrez peut-être un jour chanter des cigales dans la neige …

9.11.07

Halloween 2007

Eh non, pas de photos de monstres ou de fantômes. Juste des contes à faire peur que le folklore québécois a su mener jusqu'à mes oreilles et mes yeux.
Tirez-vous une bûche, étendez vos jambes bien comme il faut, et entrez dans la tanière des monstres du Québec, si vous l’osez.

La Corriveau.

L’un des plus connus, si ce n’est le seul, rappelé au public québécois par une chanson de Mes Aieux.
Ce conte est basé sur des personnages réels : Marie-Josephte Corriveau (1733-1763), son père Joseph, Charles Bouchard et Louis Dodier, les deux maris malchanceux de la vraie Corriveau. Même la cage de fer est vraie. Mais l’opulence des meutres de la chanson… Néanmoins en voici une version.
La Corriveau selon Henri Julien pour P.A de GaspéMarie-Josephte Corriveau était la fille de Joseph Corriveau et de Françoise Bolduc, de Saint-Vallier de Bellechasse. Joseph et Françoise eurent neuf enfants, dont Marie-Josephte «La Corriveau» qui naquit le 14 mai 1733.

À seize ans, Marie-Josephte épousa un cultivateur, Charles Bouchard, qui était alors âgé de 23 ans. Pendant les onze années qu'ils vécurent ensemble, ils eurent trois enfants. Puis, Charles mourut de façon soudaine sans que personne ne puisse en expliquer vraiment la cause. Cette mort étrange et inopinée fit courir bien des rumeurs. On racontait que Marie-Josephte, fort jalouse, s'était débarassée d'un mari un peu trop libertin à son goût, en lui versant du plomb fondu et bouillant dans une oreille alors qu'il dormait. Cependant, on ne put jamais rien prouver et Marie-Josephte épousa après quinze mois de veuvage, Louis Dodier.
Quelques mois plus tard, Louis mourait à son tour. On le trouva au petit matin, dans un enclos à chevaux, la tête écrasée.

Quelques temps plus tard, elle épousa un médecin. La femme était jalouse parce que l'homme avait plus de clientes que de clients. Certaine que son mari était coureur de jupon, elle décida d'en finir et de l'empoisonner. Un bon soir, pendant qu'elle préparait le souper, elle fit tomber des gouttes d'un médicament pour les chevaux dans l'assiette du docteur. Ce médicament pouvant être mortel pour l'homme. ce qui devait arriver, arriva. L'homme n'eut pas le temps de déguster son repas puisque le médicament fit tout de suite effet et l'homme mourut. Après la mort de son mari, elle mit le médicament dans une bouteille d'épices fortes. Le coroner conclut donc que la femme, n'étant pas au courant, avait sans le vouloir empoisonner son mari.

1 an plus tard, elle fit la connaissance d'un homme avec qui elle décida de se marier. Le couple semblait avoir une vie stable, mais les gens du village étaient loin de se douter que l'homme avait des comportements violents. Tannée de se faire battre, la Corriveau décida de mettre un terme à cette histoire en tuant une fois de plus. Pendant que l'homme dormait, elle lui fit couler de la cire chaude dans les oreilles.

Cette fois, la justice fit enquête. «La Corriveau», jouant d'astuces et de perfidie, fit tant et si bien qu'elle convainquit son père, Joseph Corriveau, un homme qui aimait tant sa fille, de s'avouer coupable des meurtres.

Un premier procès eut lieu au couvent des Ursulines à Québec. Un tribunal militaire formé de douze officiers anglais condamna à mort Joseph Corriveau. Ce même tribunal condamna aussi Marie-Josephte à 60 coups de fouet sur un dos nu et on devait aussi la marquer d'un M (pour meurtrière) au fer rouge, à la main gauche. Elle était accusée de complicité.

Ces sentences ne furent jamais exécutées. Le pauvre Joseph fit confesse à un père Jésuite et lui avoua son innocence et désigna sa fille comme seule responsable du meurtre de son mari. Quelques jours plus tard, la Cour s'étant à nouveau consultée, entendit les aveux de Marie-Josephte s'avouant coupable d'avoir tué ses maris et prétendants. Cette fois le verdict tomba et la sentence disait:
«Marie-Josephte Corriveau sera mise à mort pour ce crime et son corps sera suspendu dans les chaînes, à l'endroit que le gouverneur croira devoir désigner.»
L’exécution eut lieu sur les Buttes-à-Nepveu, près des Plaines d’Abraham. Ses derniers auraient été « je me vengerai ». On exposa ensuite son corps à un carrefour de la pointe de Lévis.
Certains moments, les soirs de pleine lune les gens qui habitent près de la côte, entendent les dernières paroles et les derniers soupirs de la femme.

La cage fut très probablement enterrée dans le cimetière derrière l'église du village puisqu'en 1840, lors de l'agrandissement du cimetière, on retrouva la cage avec quelques ossements. Elle fut vendue à l'impresario Barnum (du cirque éponyme[1]), de New York, qui l'exposa comme curiosité pendant plusieurs années. On raconte aussi que les os de la Corriveau on été vendus a un cirque irlandais qui aurait brûlé peut de temps après.

(Sources : Le grenier de Bibiane, Wikipedia- Illustration de Henri Julien pour Philippe Aubert de Gaspé- et kazibao.net)

L’étranger (Philipe Aubert de Gaspé)
Rose était la fille unique d'un dénommé Latulipe. Celui-ci l'adorait, il tenait à elle comme à la prunelle de ses yeux. Et, il va sans dire, Latulipe ne pouvait rien refuser à sa fille.

Rose était une jolie brunette, mais un peu éventée. Elle avait un amoureux nommé Gabriel, à qui elle était fiancée depuis peu. On avait fixé le mariage à Pâques. Rose aimait beaucoup les divertissements, si bien qu'un jour de Mardi gras, elle demanda à son père d'organiser une soirée de danse. Celui-ci accepta, bien sûr, mais il fit promettre à Rose que tous les invités seraient partis à minuit car ce serait alors le Mercredi des Cendres. Il pouvait être onze heures du soir, lorsque tout à coup, au milieu d'un cotillon, on frappa à la porte. C'était un monsieur vêtu d'un superbe capot de chat sauvage. Il demanda au maître de la maison la permission de se divertir un peu.

-C'est trop d'honneur nous faire, avait dit Latulipe, dégrayez-vous, s'il vous plaît, nous allons faire dételer votre cheval.

On lui offrit de l'eau-de-vie. L'inconnu n'eut pas l'air d'apprécier la boisson offerte. Il fit une grimace en l'avalant; car Latulipe, ayant manqué de bouteilles, avait vidé l'eau bénite de celle qu'il tenait à la main, et l'avait remplie d'alcool.

C'était un bel homme que cet étranger mais il avait quelque chose de sournois dans les yeux.
Il invita la belle Rose à danser et ne l'abandonna pas de la soirée. Rose se laissa subjuguer par cet élégant jeune homme habillé de velours noir. Elle était la reine du bal. Quant au pauvre Gabriel, renfrogné dans un coin, ne paraissait pas manger son avoine de trop bon appétit.

Une vieille tante, assise dans sa berceuse, observait la scène en disant son chapelet. À un certain moment, elle fit signe à Rose qu'elle voulait lui parler.
-Écoute, ma fille, lui dit-elle; je n'aime pas beaucoup ce monsieur, sois prudente. Quand il me regarde avec mon chapelet, ses yeux semblent lancer des éclairs.-Allons, ma tante, dit Rose, continuez votre chapelet, et laissez les gens du monde s'amuser.

Minuit sonna. On oublia le Mercredi des Cendres.

-Encore une petite danse, dit l'étranger.-Belle Rose, vous êtes si jolie, je vous veux. Soyez à moi pour toujours?-Eh bien! oui, répondit-elle, un peu étourdiment.-Donnez-moi votre main, dit-il, comme sceau de votre promesse.

Quand Rose lui présenta sa main, elle la retira aussitôt en poussant un petit cri, car elle s'était senti piquer; elle devint très pâle et dut abandonner la danse.

Mais l'étranger, continuait ses galanteries auprès de la belle. Il lui offrit même un superbe collier en perles et en or: «Ôtez votre collier de verre, belle rose, et acceptez, pour l'amour de moi, ce collier de vraies perles.» Or, à ce collier de verre pendait une petite croix, et la pauvre fille refusait de l'ôter.

Pendant ce temps, deux jeunes gens qui étaient allés s'occuper du cheval de l'étranger avaient remarqué de bien étranges phénomènes. Le bel étalon noir était certes, une bien belle bête mais pourquoi dégageait-il cette chaleur insupportable? Toute la neige sous ses sabots avait fondu. Ils rentrèrent donc et, discrètement, firent part à Latulipe de leurs observations

Le curé, que Latulipe avait envoyé chercher, arriva; l'inconnu en tirant sur le fil du collier de verre de Rose l'avait rompu, et se préparait à saisir la pauvre fille, lorsque le curé, prompt comme l'éclair, s'écria d'une voix tonnante:
-Que fais-tu ici, malheureux, parmi les chrétiens?-Cette jeune fille s'est donnée à moi et le sang qui a coulé de sa main est le sceau qui me l'attache pour toujours, répliqua Lucifer.-Retire-toi, Satan, s'écria le curé. Il prononça des mots latins que personne ne comprit. Le diable disparut aussitôt avec un bruit épouvantable en laissant une odeur de soufre dans la maison.

Cinq ans après, une foule de curieux s'étaient réunis dans l'église, de grand matin, pour assister aux funérailles d'une religieuse. Parmi l'assistance, un vieillard déplorait en sanglotant la mort d'une fille unique, et un jeune homme, en habit de deuil, faisait ses derniers adieux à celle qui fut autrefois sa fiancée: la malheureuse Rose Latulipe.

(source : Le grenier de Bibiane)

La chasse galerie.

Le plus important selon moi dans le folklore québécois. Si important qu’un bar québécois en porte l’image peinte sur son fronton jusque dans Paris. La chasse galerie se retrouve aussi sur une bouteille de bière de micro-brasseur autrefois à cheveux frisés.

C'est moi le plus jeune des dix
Dans ce canot maudit
Volant par maléfice
Au-dessus de vos vies
Épargnez vos prières
Mes parents, mes amisJe suis un beau tord-vis:
Martin de la Chasse-Galerie.
Vous connaissez l'histoire
Nous bûchions au chantier
Loin de nos êtres chers
Dix gars bien esseulés.
Dans notre désespoir
Le soir du jour de l'An
Nous avons fait, ciboère!
Un pacte avec Satan!
Dans le ciel du pays
Le canot fendit l'air
Et nous mena, ravis
Aux maisons de nos pères!
Toute la nuit, en famille
Nous pûmes rire et boire
Mais sans toucher aux filles
Le diable veut rien savoir!.
Mais moi toujours plus saoul
Fantasque et fanfaron
Plus prime aux mauvais coups
Que mes vieux compagnons.
Au moment des adieux
J'entraînai Marion
La plus belle des lieux
Dans un baiser profond!
C'est là que l'histoire se foque!
Car le grand Lucifer
Pour comble de badloque
Tchèquait du haut des airs!
"Martin mon escogriffe
T'as voulu faire ton frais!
Asteure on est kif-kif
Vous n'en reviendrez jamais!"
En nous voyant, penauds
Chuter jusqu'aux enfers
Dans notre maudit canot
Le Bon Dieu n'était pas fier.
"Ma gang de sans-génie!
Le Malin vous a pincé!
Il ne me reste qu'à vous souhaiter
Une belle éternité!"
"Quand même, je serai bon diable
Et au lieu d'en enfer
Je vous enverrai dans le ciel!
Ça fera suer Lucifer!"
Mais ce n'est pas le Paradis
Ce ciel dont je vous parle
C'est un petit peu plus gris
C'est le ciel de Montréal!
Voilà pourquoi, bonnes gensses,
Depuis ce jour fatal
Nous flottons en errance
Entre Longueuil et Laval!
Condamnés, pour toujours
À contempler de haut
Vos peines et vos amours
Vos chars et votre métro!
Jeunes filles au pas léger
Flânant rue Saint-Denis
Si un jour entendez
Un sifflet impoli
Ne soyez pas rebelles
Quelqu'un vous trouve jolie
Regardez vers le ciel
C'est Martin qui s'ennuie!

(source : La Bottine Souriante[2] - illustration: Henri Julien)

On raconte que plus personne ne se laissa prendre après cette aventure et ce doit être vrai car hormis les sifflets de Martin, qui peut prétendre avoir vu voler un canot?

Un cheval noir à Trois-Pistoles

Une autre légende qui cette fois unit deux bières de la même marque : le Cheval Noir à Trois-Pistoles. Elle m’a été racontée voila 3 ans dans le pub de la Maison Majorique de Tadoussac, autour d’une bonne Trois-pistoles.
Lors de la construction de la cinquième église de Trois-Pistoles, de 1882 à 1887, on put compter sur un cheval noir d’une vigueur exceptionnelle. Ce cheval apparut sans que personne ne sache d’où il venait et on s’en servit pour transporter la pierre de l’église d’en bas jusque sur la côte où l’on érigeait la nouvelle construction.
Fort comme 3 hommes, le cheval était utile, fort utile, et la construction avançait vite. Mais simple animal, on ne souciait que peu de son confort. Apparu avec une bride au cou, on ne jugea jamais bon de lui enlever une fois le travail fini. Et on fit fort bien car c’était le diable lui-même à qui on ne devait jamais enlever sa bride.
Malheureusement, lors de la dernière journée de construction, quelqu’un passa outre la recommandation et le cheval disparut aussitôt, les travaux n’étant pas encore terminés. D’ailleurs, une pierre manque toujours à l’église au sommet d’un des murs.

Une légende sur le Rocher Percé.

Enfin, voici une des nombreuses légendes qui entourent le Rocher Percé.

Blanche de Beaumont vivait en Normandie, dans un vieux château. C'était une belle jeune fille âgée d'à peine seize ans. Elle était fiancée au chevalier Raymond de Nérac dont elle était très amoureuse.

Sur les ordres du roi, le chevalier de Nérac dut se rendre en Nouvelle-France pour combattre les féroces Iroquois. Adieu la douce vie en France, les plaisirs de la cour et la belle et adorable fiancée de Normandie. Une fois en Nouvelle-France, le chevalier de Nérac n'eut pas la vie facile. Il dut combattre les Iroquois et affronter nos durs hivers tout en commandant des hommes qui n'étaient guère obéissants. Il se rongeait d'ennui et d'amour pour sa fiancée qui le hantait. Pendant ce temps, Blanche de Beaumont se morfondait également dans l'attente de son bien-aimé. Elle prit un jour la décision d'aller rejoindre son fiancé en Nouvelle-France et de l'épouser. Blanche de Beaumont s'embarqua donc pour la Nouvelle-France avec son frère que le roi avait prié de faire du service dans sa colonie. À la mi-octobre, le navire arriva à la hauteur des côtes de Terre-Neuve. Soudain la vigie annonça un navire à bâbord, et on eut tôt fait de reconnaître un vaisseau pirate. Le capitaine ordonna à tous les hommes de se munir de leurs armes et assigna à chacun d'eux un poste en attente de l'abordage. Ce fut l'horreur! Les Français offrirent une résistance farouche mais les pirates, plus nombreux et mieux armés s'emparèrent du navire et de son contenu. Ils firent plusieurs prisonniers dont Blanche de Beaumont qu'on enferma dans une cabine. Quand le capitaine des pirates aperçut la jeune fille, il décida qu'elle devait lui appartenir. Mais au lieu de la violenter, comme c'était souvent son habitude, il voulut en faire sa femme, la patronne du navire et la mère de ses enfants. Les enfants qu'il aurait seraient de sang noble. Mais c'était sans compter la détermination de Blanche de Beaumont. Celle-ci, accepta la proposition du capitaine, mais au moment de la célébration, alors qu'on s'y attendait le moins, elle se retourna, se mit à courir et se jeta à l'eau avant que personne n'ait pu intervenir. Elle disparut dans les profondeurs de la mer. Par la suite, le navire glissa dans un épais brouillard. Le lendemain, lorsque le soleil eut réussi à dissiper cette brume, l'équipage aperçut une masse énorme: c'était le Rocher Percé. Cet imposant rocher, semblant flotter près du rivage comme un navire ancré, dégageait une menace mystérieuse et impitoyable. Les pirates, figés de terreur, distinguèrent à son sommet une espèce d'apparition voilée dans laquelle ils crurent reconnaître Blanche de Beaumont. Puis brusquement, cette apparition abaissa ses mains vers le vaisseau dans un geste de malédiction et ce dernier, avec tous ses occupants, fut changé en un rocher dont on retrouve encore des vestiges aujourd'hui. Quant au chevalier de Nérac, il périt peu après aux mains des Iroquois. Il paraît qu'à certains moments, lorsque le Rocher Percé est enveloppé de brouillard, on croit parfois entrevoir Blanche de Beaumont à la recherche de son amour perdu...

(Source : trouvé sur dark-stories.com)

Voila un petit bout du patrimoine du Québec qui ne cesse jour après jour de m’offrir de joyeuses découvertes.
En espérant que l’an prochain, les sorcières et fantômes qui s’empareront de vous à l’Halloween aillent à leur tour colporter légendes et contes québécois, pour le plus grand bonheur de tous et de toutes!



[1] Le cirque Barnum fut notamment le lieu de « retraite » de Buffalo Bill … et celui de Tom Pouce aussi !
[2] Je vous conseille l’excellente version de Honoré Beaugrand de la Chasse Galerie, la meilleure que j’ai lu jusqu’à présent!

23.10.07

Plus capable

Nouvelle chronique, nouveau débat...

Ce matin, je lisais Foglia, comme tous les matins où je peux d’ailleurs.
Et là, je pense à Laurence qui me rappelle que je n’ai pas fait ma chronique. Oups oublié, que voulez-vous.
Foglia, dans toute sa grande splendeur littéraire de Maudit Français assumé (mais non je l’insulte pas, je me traite moi-même de MF, pensez donc que je ne peux m’insulter moi-même), nous dresse la liste des choses au Québec dont il n’est « pu capa-beu ». De quoi ne suis-je donc plus capable moi aussi après un an?
Allons, faut pas se leurrer, l’immigration c’est comme le mariage, passé la lune de miel il reste la vie quotidienne. Et cette vie quotidienne est remplie de bonheurs et de petites irritations.
Je vous rassure ma relation avec le Québec est plus remplie de bonheur que d’irritations, car comme en amour, pourquoi resterais-je en couple avec dans le cas contraire?
Mais il existe des petits irritants qu’il faut, pour les accepter et les intégrer, identifier.
Alors, quels sont-ils?

Je ne suis et n’aies jamais été capable de supporter le politiquement correct qui empêche certains individus de vider leur tripes au bon moment. Fuck off l’attitude « à-plat-ventriste », assumez donc vos opinions et criez-les bon sang, une fois pour toute, ça vous fera du bien. Non c’est vrai. De un, ça évite les ulcères, de deux ça donne matière au débat.
Certains diront que la commission Bouchard-Taylor est justement faite pour ça quant aux opinions vis-à-vis des immigrants et moi je m’abstiendrais de dire ce que j’en pense ouvertement. Je dirais juste que comme à chaque fois on fait une commission qui coûte une fortune, dure des plombes et conclura des choses qu’on savait déjà. Mais les prises de décisions elles, elles se feront attendre. Parfois on aura de timides tentatives battues en brèche par les journaleux (oui –eux pas –iste , un –iste descend en droit ligne d’un –isme, soit un concept. Ceux dont je parle n’ont d’autre concept que celui de blablater sans fondement – oui comme moi tout à fait, mais je suis chroniqueuse pas chroniquiste lol) qui seront relayés par des politicards et des intellos en manque d’inspiration.

Tiens puis en passant je suis plus capable des journaleux. Mais jetez pas tout de suite les feuilles de choux, ça me sert pour protéger le bureau quand je peins.

Je suis plus capable non plus de l’expression « à la française ». Fèves coupées à la française, porte-fenêtre à la française, vanille française… Laissez donc la France où elle est, à 6000 km, pour sa grande partie. Puis vos fèves, ce sont nos haricots. Et ils n’ont rien de français quand on les coupe dans le long!
Ah pis fèves et piments, zucchinis et mûres noires non plus je supporte plus. Par contre, le choux fleur jaune ça m’éclate, ça j’aime!

Je suis plus capable non plus du métro. Mais bon je n’ai jamais été capable d’aucun métro. Je ne suis pas un rat ou une taupe moi, vivre sous terre, c’est pas mon truc, désolée. Mais regardez donc ce tube infernal et ses boîtes à roulettes. Du bruit, de la chaleur, de la saleté, à un prix exorbitant.
Mais ça va être modernisé ma p’tite dame! Ouais pour mettre des cartes à puces… Mais ta boîte de conserve là, elle fournira toujours pas le café en prime, si? Ouais, c’est ce que je disais, je suis pas capable…

Je suis pas capable non plus de ce foutu sel qu’ils mettent en hiver dans les rues de Montréal. Ça bousille mes chaussures et pis ça fait fondre la neige qui ressemble alors à un amas de bouillasse infâme. Eh oh, la neige c’est beau quand c’est blanc et duveteux, pas quand c’est une chose molasse et brune!

Plus capable d’entendre la fille de mes voisins, moins de 18 mois, qui hurle et cogne contre les murs tous les soirs passés 18h. Bourrez-la de ritalin ou arrêtez de la faire chier, mais faites la taire quelqu’un je vais finir par appeler la DPJ tiens. C’est normal une gamine de cet âge qui hurle de même chaque soir, alors qu’on entend comme des coups sur les murs? M’inquiète moi parfois, entre deux séries de « Tab**** de câline, vont la faire taire une bonne fois pour toutes oui? ». Ben oui plus capable je vous dis.
Ah pis puisque je suis chez moi, plus capable d’enjamber les livraisons de l’épicerie du proprio qui sont dans mon hall tous les matins. Je pense que en contrepartie je vais lui refourguer la garde de mes paniers bio tiens! Et lui chourer deux bägels au passage aussi.

Plus capable d’entendre mes amis de France me dire que j’ai pris l’accent, mais plus capable d’entendre les québécois faire l’accent français avec la bouche en cul de poule. Quand comprendrez-vous que non seulement vous avez l’air c*n mais qu’en plus ça sonne à peu près aussi réaliste que moi si je vous imite? Ou tiens que quand Laurent Gerra fait Céline. Vous n’êtes pas capables de l’endurer? Moi non plus mais j’endure pas plus votre imitations les chéris.

Plus de capable de voir les prix des livres neufs! Et après on se plaindra qu’on ne donne pas assez le goût de la lecture aux enfants? Hey ça coûte plus cher de s’acheter des livres que de prendre un forfait au câble! Est-ce que ça vous paraît logique vous?
Puis dans la catégorie soyez cohérents avec vous-mêmes, plus capables d’entendre baver sur le vote voilé quand on peut voter avec deux pièces d’identité sans photo! C’est quoi la différence entre voter voilé avec une pièce d’identité avec photo et pas voilé avec 2 pièces d’identité sans photo? Ouais la laïcité, je suis pour, mais la cohérence aussi. En parlant de laïcité, le baptistère, c’est pas une pièce d’identité? C’est pas religieux non plus? Voyez, co-hé-ren-ce! Suis pour la laïcité moi, d’ailleurs je voterai pas avec mon baptistère! Et je présente une pièce d’identité avec photo.

Pfiou, c’est vrai que chiâler ça fait du bien hein. Mon gène MF s’est réveillé, tout ragaillardi tiens.

Mais grands dieux, pourquoi me suis-je embarquée dans cette galère alors?
Parce que le Québec, c’est un enfant encore. Un enfant qui grandit, qui se forme. Un ado en fait. Un ado qui subit les influences de ses rencontres, qui ne demande encore qu’à se définir pour devenir mature et indépendant. Comme un adolescent, le Québec a déjà ses traits distincts, son caractère propre et j’aime ces traits-là.
Dynamisme, envie de réussir, volonté d’aller de l’avant, ouverture.
Mais comme un ado, le Québec regarde avec nostalgie certaines choses de son passé qu’il doit laisser aller pour devenir adulte, définir son projet d’avenir, se faire reconnaître en tant que grand maintenant.
Et parce que c’est un pays en devenir, il y a encore tellement de choses à y faire.
Un véritable laboratoire pour les sciences sociales. Je ne sais pas si on y essayera tout, mais le Québec, avec tous les défauts qu’on pourrait lui trouver, c’est quand même la place où la société telle qu’on la connaît et qu’on l’envisage est actuellement la plus discutée, remise en question, de façon collective. Pas un jour sans qu’on ne discute d’un pan ou d’un autre pour la former notre société. Pas un jour sans qu’on ne soit interpellé par les télescopages entre l’héritage du passé (la common law et le droit civil, la confédération et la nation distincte, le français et l’anglais) et les volontés d’avenir (les immigrants et leurs apports, l’indépendance et son report).
Si si la démocratie aussi on l’a remise en question, y a eu un roi il y a quelques années qui s’était autoproclamé roi de son coin, me souviens plus lequel. (Comment ça je fais preuve de mauvaise foi? Tous les exemples sont bons, c’est mon espace, je fais ce que je veux… Oups mon gène est encore actif)
Et comme je ne suis pas capable de vivre un chemin tout tracé, le Québec ne peut être que le refuge idéal à mes goûts déraisonnables d’accommoder ma vie et mes questionnements intellectuels de maître ès communication culturelle…

Il y a donc bien une chose dont je suis encore capable ici, c’est d’y vivre, tout simplement, et je l’espère, pour encore très longtemps.

Et vous, de quoi n'êtes vous plus capable?

1.10.07

Mon appart dans la petite Italie

Souvenez-vous, je vous avais fait visiter mon appartement de plateaupithèque.
Voici désormais mon appartement de minusitalopithèque (hein comment ça n'existe pas?).




Évidemment, il nous reste à faire des choses. Les rideaux de la chambre ne sont pas posés, on hésite encore quant à la couleur des murs. On cherche quelle couleur pour l'entrée (à la place du bleu), un des murs de la cuisine doit être rafraîchit. On vient tout juste de finir la mise en place du salon et je dois dire que je suis assez fière du résultat. On cherchait comment séparer l'entrée du salon sans couper la lumière. En enlevant le panneau arrière de l'une de nos deux grandes bibliothèques, on crée une paroi virtuelle suffisament ouverte pour laisser passer la lumière et aérienne pour ne pas rendre JF clausto. Le résultat n'est pas parfait à 100 % (on doit trouver quoi mettre dans le coin vide entre la bibliothèque et le mur, coller du vinyle sur les tranches des tablettes, installer des cadres pour les déco aux murs, des étagères aussi) mais ça prend forme enfin!

La fête du travail 2007

Comme certains d'entre vous le savent, la fête du travail ici c'est le premier lundi du mois de septembre.
À cette occasion JF, moi et deux amis sommes partis faire du canot camping en Outaouais.
Voici le récit via ma chronique FIC, les photos en plus (car j'attendais de les avoir pour les mettre ici!).

Puisqu’il est de coutume pour bien des gens de considérer que l’été québécois commence à la Saint Jean-Baptiste pour finir à la fin de semaine de la fête du travail, et puisque nous nous sommes quittés pour la trêve avec le récit de ma fête nationale, je vous reviens en très grande forme, bronzée et enjouée grâce à mon long week-end de ce premier lundi de septembre.
Si le dernier récit était tout de bons sentiments et de famille, celui-ci sera gourmand et faunique !

Pour fêter ce dernier sursaut de vacances et les retrouvailles avec mon massothérapeute préféré, accessoirement le premier ami québécois que j’ai eu ici à Montréal et qui revenait d’une année d’études à Paris, nous sommes partis D. mon masso, P. sa coloc et partenaire de travail, Ti’Namour et moi en Outaouais, proche de Denholm, sur les pourtours, que dis-je au cœur même du réservoir/lac du Poisson-Blanc ou lac Ohara.

Après une première nuitée dans la tente, plantée sur le parking du camp Air-Eau-Bois où bien des jeunes outaouais de Gatineau et Hull, voire même des jeunes d’Ottawa, ont passé des semaines, en tant qu’enfant, ado puis parfois même bénévole, nous avons pu prendre possession de l’un des instruments essentiels pour notre fin de semaine : des canots !
Eh oui, voici une chose que je n’avais encore jamais faite et qui pourtant me semble plus belle et plus essentielle que les ballades en traîneaux (que je n’ai pas plus faites d’ailleurs), le canot-camping. Et croyez-le, nous avons choisi un site magnifique pour le faire !
Outre le fait que j’ai un peu paniqué (hum on appelle ça un euphémisme…) les premiers instants dans notre canot plein à craqué de nos victuailles, sacs de couchages, matelas de sol, habits, tentes, glacière et alouette, j’avoue un peu tard que j’ai finalement trippé sur la ballade au fil de l’eau.
D’îles en îles, nous avons profité de notre première après-midi de congé pour prendre un petit aperçu de la largeur de ce lac ! Puisque je suis de nature curieuse, je suis allée jeter un œil sur différents sites pour en apprendre plus sur notre vénérable hôte : environ une dizaine de kilomètres de largeur, un peu plus de 25 kilomètres de longueur, une centaine d’îles et de baies, certaines aménagées avec des pontons, des chalets, et d’autres, comme celle sur laquelle nous déposerons nos rames, pratiquement inhabitées.
Je dis bien pratiquement parce qu’un examen rapide permet de détecter deux anciens emplacements de foyer, une cabane sommaire de chasseur et de nombreuses traces animales qui nous serons confirmées lors de la première nuit.
Nous arrivons donc après 2h de navigation hiératique sur une île qui nous semble hospitalière : pente douce et plage de sable, arbres nombreux, un chemin qui mène vers un lac intérieur. C’est décidé, « c’est là que nous ferons notre maison ! »
Tenaillés par la faim due à l’exercice et par l’envie de déguster les bonnes choses qui sont les nôtres, nous allumons un feu avant même de planter la tente. Les premières victuailles victimes de leur succès seront les épis de maïs, roulés dans le beurre et salés. Cet apport d’énergie nous permet de monter la tente. Et ensuite, c’est une soirée de gavage, de rires, de discussions qui arrive.
Après le foie gras sur pain grillé au feu de bois, figues et gros sel, arrosé de mousseux, les steaks au poivre et épices italiennes à la sauce marchande avec pomme de terres à la braise en robe des champs et vin rouge sont venus complétés le tableau gastronomique. Nous nous couchons donc tardivement, la peau du ventre bien tendue.

Le lendemain, je suis réveillée par des bruits de sacs plastiques bousculés. Les poubelles sont attaquées, sus à l’envahisseur. La bestiole, que je n’entraperçois qu’à peine, myope sans verre de contact que je suis au réveil, m’accueille avec toute la froideur de la matinée encore blême. Un masque noir me regarde au loin, et je n’en demande pas moins pour aller faire de mon côté ce que la nature appelle. De toute façon, il a sûrement déjà commencé son ouvrage alors à quoi bon ?
Quelques minutes plus tard, c’est au tour de Ti’Namour, que j’avais rejoint au chaud finalement, de se lever après avoir entendu un nouveau cri. Et quelle n’a pas du être sa surprise de voir un faon au loin ? Lorsque je le rejoins finalement intriguée par ce son là, je me lève et le rejoins auprès du feu, où il me soulève dans ces bras pour me permettre d’apercevoir l’autre rive du lac intérieur et notre cerf de virginie aux abois.
Et notre fin de semaine ira ainsi de rencontres en découvertes. La veille déjà j’avais découvert les traces de sabots des cerfs et nous avions choisi de placer notre tente en retrait de la route que les empreintes formaient. Les pattes du raton se trouvaient en empreinte ce matin-là le long du chemin menant du lac intérieur à notre rivage. Les tamias rayés nous ont nargué toute la soirée et ils s’approchent déjà bien davantage puisque Ti’Namour m’avoue que quelques minutes avant que je ne me lève une seconde fois, deux d’entre eux étaient installés sur le tronc d’arbre qui borde notre tente, tentant presque de regarder via la moustiquaire.
La veille aussi j’avais subrepticement aperçu un héron cocoi si j’en crois les photos que j’ai trouvé sur Internet et ce matin-là, alors que Ti’Namour et moi observions le soleil paraître au-dessus de la futaie, nous avons eu le loisir d’entendre son chant.
Et nous n’avions pu résister la veille aussi à prendre la colonie de canards siffleurs qui passait à quelques encablures de notre plage, persuadés sans doute qu’elle était encore inhabitée ce soir-là.
Un peu plus tard cette journée-là nous rencontrerons une taupe, minuscule bestiole aveugle qui tentera de grimper sur un genoux de Ti’Namour, tandis que les 3 autres grands dadais que nous sommes s’extasieront sur tant de fragilité tout en se demandant comment un animal aussi bête avait pu survivre si longtemps.

Notre journée s’est donc déroulée paisiblement. Levés vers 7h sur un principe naturel de réveil échelonné, chacun à son rythme, nous déjeunons de tartines de pain grillé au feu de bois, de café et de jus de fruits. Quand notre 4ème larron sort enfin de la tente, nous attaquons les pommes de terres en rondelles et les saucisses puis partons explorer notre île.
Nous découvrons alors que ce que nous avions pris pour un lac intérieur n’est en fait qu’un bras du lac qui nous entoure. Nous décidons donc de partir en canot, faire le tour de l’île et revenir par ce bras-là. Et là, quelle découverte ! Non seulement notre île est un véritable réservoir faunique mais elle est immense.
En forme de croissant à vue d’eau , elle offre de nombreuses plages dans le genre de la nôtre et la plupart d’entre elles sont d’ailleurs occupées par d’autres naufragés volontaires.
Notre mission symbolique réussie, nous pataugeons sous le soleil qui frappe encore dans notre « lac intérieur », et savourons l’extase d’un temps qui défile sans prise mais sans retenue non plus.
Je repense alors aux joies que ces quelques heures nous ont déjà offertes. La joie d’être avec un ami que je n’avais plus revu depuis bien longtemps, le plaisir de rencontrer une fille très sympathique, les petits bonheurs simples d’avoir observé ratons, tamias, hérons, taupes, cerfs dans un habitat naturel, la beauté des paysages de ce coin de l’Outaouais qui me font prendre la pleine mesure de la beauté des grands espaces plus que toutes les brochures touristiques qu’on a pu me tendre… Un stage au cœur de la nature du Québec, si j’étais restée plus longtemps, j’aurais sûrement nommé cette chronique ainsi !

Une petite sieste plus tard, et de grosses bourrasques plus tard, nous reprenons notre doux voyage gastronomique avec de la soupe de pois en boîte de conserve, « tradition maison depuis 1918 » dit l’étiquette. D. explique que le plus simple dans ce cas, c’est de mettre les « cans » non ouvertes directement dans le feu.
Quelques minutes plus tard, une détonation survient, une pluie de soupe aux pois brûlante s’abat sur nous, et sous le choc quelques secondes suivront avant que P. et moi ne quittions hilares les abords du feu pour le laisser sortir les 3 autres boîtes restantes. Ti’Namour sort encore tout endormi de la tente, réveillé par ce bruit incompréhensible et nous découvre couverts de soupe, riant aux éclats et lui tendant une soupe sur laquelle il lit, répondant à la remarque de D. « ils pourraient dire de ne pas mettre la boîte fermée dans le feu quand même » que sur l’étiquette il est stipulé de ne pas mettre la boîte fermée à plus de 155°. Nouveaux éclats de rire… On se souviendra encore de cette aventure lorsque nous achèterons de nouveau cette soupe-là pour sûr !

Un autre moment de rire sera l’aventure de la partie de pêche de Ti’Namour. Nous avons trouvé une vieille canne à pêche pour pêcher à la mouche sur laquelle il restait encore de la ligne. En piochant dans ma trousse de premier secours une des épingles de sûreté, nous avons fabriqué un hameçon sur lequel mon homme a allègrement empalé une mouche (en nous détaillant bien le trajet de la pointe !) et le voila parti au creux des vagues pécher le poisson… Les vagues sont à ce moment-là très fortes et D. qui revenait d’un trip en partant de notre lac intérieur et qui est plus expérimenté en canot que Ti’Namour a lutté quelques minutes en tournant sur place au large, avant de pouvoir rejoindre la côte et de faire avancer le canot à la main le long de la côte. Mais mon homme est intrépide et je l’attends pas très patiemment je dois dire…
Il nous revient finalement quelques minutes plus tard, en rogne après s’être battu contre les vagues qui ont gagnées et l’oblige à revenir en reculant et dépité de s’être fait voler sa seule mouche par un poisson local !

La soirée, rafraîchie par les bourrasques de vent, nous offrira d’autres moments aussi délicieux gustativement que dans les souvenirs qu’il en reste. Au risque de paraître sacrilèges, nous avons dégusté du fromage de chèvre sur pain grillé au feu de bois et cendres, un plat de patates en rondelles couvertes de camembert et cendres, des côtes de porcs et brochettes de légumes … aux cendres ! Seules les bananes au chocolat échapperont à l’épice cendre mais c’est parce qu’elles furent englouties plus vite qu’il n’en faut pour dire « deux messieurs et deux mesdames sur un canot de bois ».

Finalement, ces deux jours de quiétude se terminent le lendemain matin, lundi fête du travail, après une nuit mouvementée du côté de nos hôtes à fourrure puisque nos bruyants petits amis suisses ont tenté de faire une rencontre avec le sel et le gros sel que nous avions. Visiblement, le sodium a gagné !
Nous nous levons donc plus tôt encore, 6h, pour paqueter les affaires, démonter la tente, laisser la place nette pour les suivants et nous embarquons pour la navigation de retour. Après notre dernier déjeuner des bois, il nous faudra presque 1h30 pour le voyage de retour, luttant contre les vagues et le vent encore présents ce matin-là.

Et devinez ce que nous avons fait en arrivant sur la terre ferme ? Je vous le donne en mille… Ben oui exactement, manger ! On est un « ventre à pattes » ou on ne l’est pas ;)
Nous rentrerons tranquillement sur Montréal via Ottawa, retrouver la quiétude de nos foyers respectifs, la chaleur de notre chat et le plaisir d’une douche chaude, pas mécontents de retrouver la civilisation après 3 jours dans les bois !

Mon été se conclut donc aussi bien qu’il l’avait commencé, un boulot permanent de rêve en plus et quelques coupes de dollars en moins par contre ! Le bonheur n’a pas de prix, mais la location de deux canots et d’un mini van si !

Deux regrets dans ce tableau idylliques : les deux packs de bière que nous avons oublié sur l’île !!! Honte à nous !




« C’est là que nous ferons notre maison ! » de Flo et les Robinsons Suisses, interprétée par Claude Lombard, Johann David Wiss pour Nippon Animation

Pour ceux qui seraient curieux, les coordonnées que j’ai pu obtenir via Google Maps sont « 45.959504, -75.749016 », si ça peut vous aider ;) Vous verrez par ailleurs, que vu de haut, elle ne ressemble plus vraiment à un croissant !


Pour finir en beauté, voici un diaporama des photos, avec musique maestro!


29.9.07

Le marché Jean Talon

Le marché Jean Talon à Montréal est une institution autant pour les familles en balade le dimanche que pour les amateurs de fruits, légumes, fleurs, épices et aromates, viandes, poissons et fruits de mer, fromage et autres inventions du genre que la France aurait tôt fait de qualifier de produits du terroir.
On y accède presque par hasard, aux détours des rues de la petite Italie, sans s'y attendre, caché, dissimulé à la vue par les bâtiments d'habitations qui l'entourent.
Remontant en ce matin d'automne la rue Henri-Julien qui borde mon appartement, je profite des rayons d'un soleil généreux pour prendre les photos d'une de ces rues si typiquement montréalaises.
Je savoure d'avance les couleurs de ce marché à l'histoire si particulière puisque là où sont aujourd'hui bâti les halles, on trouvait autrefois un terrain de jeu de crosse irlandais privé, appartenant à la famille Shamrock, dont on retrouve encore la trace grâce à l'une des rues avoisinantes.
Racheté par la ville en 1931, le terrain, qui autrefois attirait jusqu'à 10 000 personnes les jours de match, va d'abord abriter la station de départ des autobus en direction de Laval. La vente de légumes, fruits, fleurs, porc et cochons s'y déroule déja en bordure de la rue Jean Talon.
Le marché, qui se résume alors essentiellement au chalet central dans lequel on retrouve aujourd'hui une célèbre enseigne patentée de boulangerie, est inauguré par le maire Camilien Houde en 1933.
Le quartier déja densément peuplé, et déja de Canadiens italiens qui plus est, reçoit en même temps que ce pôle de transport et d'attraction un poste de police et d'incendie.
La population des paroisses avoisinantes, d'origine Italienne donc, étant habituée plus aux marchés ouverts, à l'instar des marchés européens qui ont bercé mon enfance, la ville n'a pas pensé à se dôté dès le départ de bâtiments.
Elle construisit seulement 3 galeries ouvertes aux vents divisibles en étals. Ce n'est qu'en 1983 que le marché se dote de cloisons amovibles pour l'hiver, rendant les abris saisonniers de fortune que se construisaient les maraîchers caduques.

Le marché actuel est le résultat de divers agrandissements, puisqu'il était au départ situé dans une enclave, dont la seule porte d'entrée était la rue Shamrock. La rue de la place du Marché Nord est percée, ainsi que la rue Henri-Julien et la rue Mozart, dès 1939 et dôtée d'une nouvelle série d'arcades.
Dès 1943 le marché a atteint sa forme et sa superficie actuelle. On dit aujourd'hui encore que ce serait le marché à aire ouverte le plus grand d'Amérique du Nord. Vérité ou galéjade, peu m'importe, c'est un lieu de tous les délices: gustatifs, visuels, odorants, auditifs....
Un lieu de villégiature pour qui sait apprécier les simples plaisirs de se sentir vivant.

Mais qu'y trouve-t-on en cette saison au juste?
Des tas de choses: petits fruits (fraises, framboises, canneberges, bleuets, cerise de terre), des courges, courgettes, choux fleurs, aubergines, navets, pomme de terre, tomates, oignons, des fleurs, des tresses d'ail et de piments, du miel et du sirop d'érable.

24.9.07

24H

Non non, rien à voir avec la déja mythique série dont je n'avoue n'avoir vu que la première saison et quelques épisodes de la 3ème? 4ème? bref de la je ne sais combien-tième édition... Quoique...
Je n'ai aucun président à sauver, aucune centrale nucléaire à empêcher d'exploser... mais j'ai des journées de 24h moi aussi... Comment ça le lien est un tantinet tractopilé?

Une journée avec moi c'est quoi?

7h00: Entre les miaouuuuu plaintifs du chat affamé et les biiiiiiiiiiip stridents du réveil jamais compatissant, j'émerge doucement. Je me traîne dans le lit à côté de mon amoureux, envahie par la soudaine chaleur poilue du chat qui tentera par tous les moyens de se faire nourrir plus rapidement.

7h10: Seconde salve de détonations du réveil et, étouffé dans l'oreiller, un Groumph de JF qui détessssssste ma manie de ne JAMAIS me lever à la première sonnerie. Eh quoi, si j'ai la fonction snooze, je peux bien le laisser snoozer mon réveil non (euh quelqu'un saurait comment on peut traduire "snooze" d'ailleurs?).

7h15: Passage salle de bain, ronrons et frottements du chat qui continue ses manoeuvres diaboliques

7h20: ou quelque part dans ces bouts-là, j'allume la cafetière et nourrit le chat (enfin! qu'il se dit l'animal!) pendant que le voyant passe au vert, signalant que l'amer et salvateur breuvage va pouvoir être servi. Mélange le café, le lait ou la crême et le sucre et vais regarder mes mails.

7h30: Grignotes une ou deux ou trois tartines, un fruit ou des céréales. Parfois un second café.

7h45: Quittes le domicile, à pied ou en vélo, direction le boulot!

8h00: et parfois des poussières, j'arrive au boulot. 7 minutes en vélo après mon départ ou 15 quand c'est à pied, quoiqu'il en soit, je n'arrives que rarement en retard même quand je pars plus tard! Le top d'habiter pas loin de son boulot!

8h05: Ouvres tous les tiroirs au bureau, allumes les lumières, ramasses les fax qui arrivent parfois le soir, regarde les mails, prends les messages de téléphone.

Entre 12h00 et 12h30: Après une matinée à répondre au téléphone, compiler des évaluations, réserver des salles, commander des repas, courrir après des CV ou des documents, transférer des appels et des courriels, je prend ma pause déjeuner. Au boulot parfois, à la maison avec JF souvent voire au marché Jean Talon ou dans le coin.


Une heure plus tard...
Retour au boulot. Parfois nous avons de longues discussions philosophiques ou débattons de sujets d'actualité. Il arrive qu'on bricole également ici ou là, car dans une petite structure, on fait tout, y compris du bricolage sommaire.

16h30: Fin de la journée. Refermes à clé tous les tiroirs, et quittes pour la maison.
Parfois je fais un détour par une boutique de St Laurent ou de St Hubert. Le mercredi je descends sur De Lorimier garder de temps en temps encore. Le jeudi c'est direction McGill pour des cours d'anglais. Le vendredi je vais souvent tricoter.
Sinon c'est atelier faire-part, tricot, boutonnières, sels de bains souvent en ce moment. Et consultation frénétique de sites pour des idées, des conseils, des avis, des recherches sur le thème du mariage aussi.
Parfois cuisine quand on se laisse tenter par quelque chose de spécial, sinon on mange sur le pouce. En ce moment on se matte souvent un manga en DVD, ou des amis passent faire un petit coucou.
Sinon c'est devoir d'anglais, retouche d'images, jeux...

22h-23h: après une douche, c'est direction sommeil. Il m'arrive de feuilleter une BD, lire un essai de Umberto Ecco dans l'excellent "Comment voyager avec un saumon" que je lis et relis inlassablement encore (le temps de trouver un nouvel ouvrage à maltraiter sans doute).

Le lendemain, 7h00, rebelote.

Les fins de semaines varient et ne se ressemblent heureusement pas. Les matinées se lèvent tardivement (après un passage obligé à la gamelle féline vers 7h30, le fauve ne me câline ensuite que vers 9h30-10h00, quand il est décemment temps de se lever), je discute avec ma môman, parfois d'autres amis sur MSN. Parfois nous sortons de Montréal, souvent nous essuyerons notre flemme sur les fauteuils du salon avant de nous traîner vers une quelconque soirée chez l'un ou l'autre. Souvent en ce moment JF travaille et moi je me repose, je lis la presse, je me tiens au courant des choses du monde, je vais promener dans le quartier.
La vie se déroule paisible, lentement, tranquillement, sûrement...

À quelques jours de ma première année de RP, doit-on conclure que ma vie est routinière? Peut-être routinière, à tout le moins elle est stable et ancrée dans ma réalité d'ici et de maintenant et je ne m'en plains pas vraiment.

11.8.07

Maître Sanzô a disparu!

Comme il est de notoriété publique que je ne peux rien faire comme tout le monde, quand nous avons décidé de prendre un chat l'automne dernier, on l'a choisi non pour sa beauté mais pour son aspect complètement farfelu.

Imaginez donc la boule de poils de l'époque (ci-contre: il avait 3 mois et 1 semaine et nous l'avions depuis 1H) qui vous regarde à travers une vitre, met sa tête à l'envers et lèche la vitre.
Voila comment nous avons choisi ce curieux personnage qui depuis nous ravit et nous fait rire.


Mercredi passé, nous avons fêté son premier anniversaire, et la petite boule de poils est devenue un fier félin aux allures de panthère.

Et il a inauguré un nouveau jeu auquel je vous convie: Mais où est Sanzô?

Ainsi dans la photo qui suit, il y a bien un chat, la question étant de trouver où?
J'offre un cadeau à celui qui trouve, bonne chasse à la panthère !




Édition du 12 août 2007 à 10h08 heure montréalaise:

On a une gagnante! Eh oui Anne-Lise, il est bien dans le sac à dos.
Voici la preuve:

Et je rappelle qu'aucun chat n'ayant été maltraité durant cette cascade, il s'y est fourré tout seul!

Z'êtes trop fort alors en voici une plus dure:
Où est le chat?

C'est MH qui gagne cette manche-ci, Sanzô est effectivement dans la valise:
C'est tout pour le moment !

3.8.07

Le job nouveau est arrivé

Après seulement 1,5 mois de recherche active dans mon domaine après la fin de mon stage chez Québec Soccer, j'ai accepté mardi soir la proposition d'embauche de l'ATTIR. J'entre en fonction le 20 août, dans ce qui sera mon premier job permanent.
Non seulement je bénéficie de 3 semaines de congés payés, plus la semaine des fêtes qui est chômée, soit 7 jours de plus que les normes du travail, mais je commence ma probation avec 36 500$CAD annuel et je passerai à 38500$ une fois la période d'essai terminée.
Si on compte que pour chaque mois il nous faut 1200$ (nourriture, loyer, électricité, téléphone/internet, pass de métro) pour vivre soit 14400$ par an et que mon salaire une fois les impôts retirés sera de environ 27063.85 pour le début puis de 28214.75 par la suite soit entre 12663.85 et 13814.75$CAD de bénéfices par an, sans gros événement majeur (genre notre mariage lol). Pas pire quand même.
Mais plus que ces chiffres, c'est la qualité de vie, l'intérêt de l'emploi et les relations humaines que je visais au travers de ce poste-là. Je suis presque certaine de ne pas m'être trompée en allant dans l'associatif plutôt que dans la grosse boîte. RDV dans un an pour un premier bilan!


23.7.07

Le livre, les pâtes et ma mère...

Quel mystérieux titre ai-je donc pondu là vous demandez-vous? (Par contre vous ne vous demandez pas à quel film je l'ai emprunté j'espère!)

Eh bien, rappelez-vous il y a quelques temps, j'avais fait l'acquisition du 4ème et dernier volume de la fresque de souvenirs pagnolesques. N'ayant jamais lu l'ouvrage, j'étais fort aise de l'avoir dans ma bibliothèque. J'ai donc commencé à le lire lundi passé. Et voila-t-y pas qu'en allant dans ma petite épicerie en dessous de chez moi, tenue par mes proprios tout ce qu'il y a de plus grecs mais tout ce qu'il y a de plus commerçants aussi - entendez par là qu'ils s'adaptent à leur environnement et que nous sommes dans la Petite Italie, ce qui est important pour bien comprendre la suite! - je tombe sur un singulier paquet de pâtes alimentaires.

En quoi est-il singulier vous demander vous confits? Eh bien, ce sont des pâtes alimentaires fort élémentaires mes chers watsoniens lecteurs. Ce qui est singulier, c'est la marque... PAONE!!! PA-O-NE! Oui, maman, comme toi, mes pâtes sont des Paones!!! Qui eut cru qu'à quelques 6000 km de toi, il m'eut été donné de penser à toi en mangeant des pâtes italiennes, non parce que je dégustais ta sauce maison que tu m'aurais fait parvenir par un quelconque pli, mais parce que l'un de tes cousins a eu l'intrigante idée de se mettre à les fabriquer (depuis 1878 quand même!) et surtout à les vendre ici, à Montréal!!!

Ne pouvant résister à ce message de la Destinée, j'ai pris cette photo toute symbolique, cette nature morte reliant Aubagne, ma mère et la Provence:


Tiens en passant, on trouve quand même 44 inscriptions de Paone à travers tout le Canada, mais pas une seule en dehors de la mienne pour les L. quand même! C'est papa qui va être content hein ;)

13.7.07

Des nouvelles

Après 3 jours d'intérim (avec Adecco!) en saisie de données chez Jacob, me voila partie pour un nouvel emploi dès lundi.
Mais ce n'est pas tout dans les magnifiques nouvelles et rebondissements qui parsème ma vie quotidienne. Ma demande pour intégrer le programme "Certificate of proficiency- English for professionnal communication" à l'université McGill a été acceptée et je dois donc commencer mes cours cet automne.
Je serais donc très probablement étudiante dès la fin du mois d'août, pour mon plus grand bonheur et la plus grande fierté de JF.

Le coq a bien chanté!

Après avoir laché mon boulot à la garderie le 5 juin dernier (une exploitation sans nom qui prétend éduquer les enfants... Perso, je trouve assez effrayant ce système qui n'a pas le temps de soutenir les éducatrices parfois bien peu formées tout en leur demandant de porter les casquettes de comptables, cuisinières, gestionnaires, agent de communication et marketing, pédagogue, animatrice, infirmière, psychologue... Qui paye une misère, qui offre bien peu de place, qui n'offre aucune équivalence, et qui n'a d'universel au final que le nom! L'idée encore une fois était bonne mais bien trop mal appliquée! Mais passons), j'ai pu réalisé un excellent stage en journalisme sportif à Québec Soccer, le magasine de référence depuis 30 ans en matière de football.
Une expérience enrichissante à la fois professionnellement et humainement avec la rencontre de personnes vraiment passionnées par leur métier, intéressantes et drôles parfois même.

Je reviens par ailleurs d'un repas ce soir à la Molisana (que je conseille en passant, situé au 1024 Fleury Est, un restau italien vraiment très bon) en compagnie du noyau dur de l'équipe. J'ai rencontré le dernier des collaborateurs que je ne connaissais pas, une pointure ici, M. Georges Schwartz, ancien commentateur à Radio-Canada et RDS, qui commenta les coupes du monde de 86, 90 et 94 entre autres et les JO de 76.
Un moment d'excellence de voir ce bonhomme sans âge aux yeux malicieux remémorant ses souvenirs de journalistes, les péripéties des commentaires en direct comme en différé des matches de soccer ici au Québec.

Une belle journée que celle d'aujourd'hui car plus tôt en journée, je me suis installée à la table de couture de l'Effiloché (6252 St Hubert) avec une grand-maman toute à son ensemble de naissance pour son petit enfant à naître à la fin du mois.
Elle tricotait avec beaucoup d'application la brave dame qui se disait si peu manuelle, souffrant de ses mains arthritiques et de son psoriasis. Un vrai charme de bonté et de tendresse.

Point commun de mes deux coups de coeur humains de la journée? Ils sont tous deux français immigrés ici il y a plus de 40 ans chacun, ne se connaisse pas, mais sont tous deux de bien beaux représentants de cette mère patrie qu'on maltraite bien plus qu'à notre tour.
Il est ici 23h05, à la veille de la bonne vieille fête nationale, un coup de coeur tricolore !

3.7.07

Dernière chronique 2007

Et voila cette deuxième saison de chroniques achevée pour l'été. Cette année encore je termine sur le thème de la Saint Jean Baptiste, fête nationale du Québec.

Une fois n’est pas coutume, je vais vous parler de la Saint Jean-Baptiste, fête nationale du Québec.

Après la théorie de l’an passé, je vais y aller de la pratique de cette année.

Alors que la majorité des immigrants déjà installés se rendaient sur les Plaines à Québec ou au parc Maisonneuve à Montréal, voire à un show des Cowboys à Repentigny, je m’embarque samedi 14h dans le métro direction Longueuil pour prendre l’autobus 200 en direction de Beloeil.

Je pars camper…à la frontière des États, à Lacolle, chez un cousin de Ti’Namour. Un pan de sa famille que j’avais rencontré dans une bien triste circonstance l’automne passé alors que l’oncle de Ti’Namour, le père de notre hôte, allait s’éteindre dans un hôpital de Montréal. Une famille déjà ébranlée quelques 10 ans auparavant par le cancer fulgurant de leur jeune frère, de feu le père de Ti’Namour; deux hommes aux dires généraux qui se ressemblaient, deux êtres exceptionnels qui ne m’aura pas été donné dans cette vie de connaître. C’est donc à une Saint Jean familiale que je m’apprête à aller.

Juste le temps d’arriver chez ma belle-sœur et de charger la Wesfalia, on jase autour d’un bon californien rosé et en route pour le party.

Enfin à Lacolle, on arrive dans un méga party de famille pour les 3 ans de la petite cousine, toute blonde, toute cute. Cris d’enfants, rires des parents et Beau Dommage feront la bande sonore de cette fin d’après-midi.

On se salue, on discute, on mange quelques trempettes.

Ici je discute avec cette québécoise exilée à Toronto qui avouera plus tard dans la soirée n’avoir jamais pris pour les Leaves tandis que là son conjoint anglophone « only » partage un jeu de crosse avec sa fille et moi. Plus loin je discute avec celui qui fut notre Père Noël au party cet hiver et plus loin avec une petite boule d’énergie, qui, du haut de ses 4 ans, mènera les futures chasses aux couleuvres de cette journée.

Puis voila le temps des cadeaux et des très prolifiques « Oooooh » répétés à la perfection par la petite M. en ouvrant ses cadeaux tous plus « Doraesques » les uns que les autres. Finalement, le souper est servi.

Porc et bœuf grillé, tomates et oignons marinés, olives, concombres, patates en robe des champs et crème sûre, fèves aux 3 couleurs, trempette aux artichauts et petits pains régalent la trentaine de convives et leurs quelques 15 enfants de 3 à 11 ans.

Bières et vin viennent liquéfier le tout, sans exagération toutefois, garantissant belle humeur et bonne entente, à moins que ce ne soit l’inverse ?

La nuit tombe paisiblement sur ce petit groupe en goguette, mais le vent qui souffle depuis le début de la journée lui ne cesse pas. Les chandails apparaissent, les souliers se ferment.

Pour le plus grand bonheur des petits, et des grands, un beau gâteau au généreux crémage et aux bonbons fait son apparition, accompagné de son cortège de tartes au sucre ou aux pommes. On troque peu à peu les bières contre du café et du thé et la vie s’écoule paisiblement. Mais avant que la nuit ne soit trop noire, la pinata est annoncée. Quelques petits coups suffiront à décapiter la comparse de Babouche et les jauges de sucre des plus jeunes vont exploser, les bracelets et autres bagues luminescentes égayant les quelques dernières courses échevelées des petits diables.

Rien de tel après ça qu’une chasse aux mouches à feu ­ des lucioles­, pour dépenser une heure d’énergie. Petits et grands crapahutent dans les champs de blé d’Inde environnants et remplissent qui une bouteille qui une cage à insectes. Les petits sont à ce jeu là plus doués que les grands, mais la joie et la surprise sont collectives : elles sont si faciles à attraper ces petites bêtes que bientôt une trentaine d’entre elles brillent asynchrones dans la bouteille et presque autant dans la petite cage.

La nuit est donc déjà bien entamée, mais personne n’est fatigué encore. Assise sous la petite ourse, je converse à tour de bras et savoure le fait qu’ici je ne suis pas « la française » ou « l’immigrante » mais bien plutôt « la fiancée » voire « la cousine ».

Le vent semble enfin faiblir et l’une des premières activités nocturnes les plus attendues peut enfin avoir lieu : le feu d’artifice ! Mais avant, un tour de tondeuse pour la gang de petits décidément pas encore couchés ! Ils embarquent tous dans la remorque arrière de la tondeuse, la reine de la fête s’installe en avant avec son papa et roulez jeunesses !

Installés en rase campagne, à 5 minutes de la frontière des États, petits et grands savourent le bonheur d’une soirée familiale illuminée par un big blast et des fontaines jaillissantes. Un travail d’amateur qui vaut presque les professionnels annulés ailleurs dans la province.

L’arrière garde que nous sommes se déplace lorsque le bouquet final s’en vient, bombardés que nous étions par les cartouches en carton que le vent nous ramène. On profite aussi pour aller éteindre les quelques flammèches qui sont retombées. Ce serait tellement triste que la soirée finisse en grosse flambée involontaire. C’est sûr, on est le soir de la Saint Jean, mais faudrait pas exagérer !

Le vent fait une timide réapparition, mais les gens ont résisté jusque là et le feu d’artifice a vécu, alors pourquoi pas le feu de joie maintenant. La grosse montagne de bûche initialement prévue reste de côté et un petit tas plus modeste est rapidement bâti à côté. Et la flambée païenne commence, réchauffant les corps meurtris par le froid de la nuit. Un cercle se crée tout autour, les couvertures s’entrouvrent pour laisser entrer cette nouvelle source de chaleur, les muscles se détendent, les discussions reprennent de plus belle. Telles les cérémonies du temps jadis, celles-là même que la Saint Jean Baptiste française vient fêter, notre cérémonie du feu vient de redonner à tous regain d’énergie et bonheur de la lumière et de la chaleur retrouvées. Un petit miracle de plus à ajouter à celle longue soirée déjà bien remplie.

Mais allumer un feu n’étant pas en soit un acte bien complexe, nous voici mis au défi de réussir la recette des « biscuits graham-chocolat-guimauve ». On joint l’exemple à la parole, et notre hôte s’y colle : « On prend un biscuit Graham, on pose un carré de chocolat dessus. On réserve l’autre biscuit pour ensuite. On pique sa guimauve sur le bâton ci-présent, les adultes seulement, et on fait griller. Noir ou juste roussis, c’est à votre propre goût. Lorsque la cuisson désirée est afin atteinte, on approche sa guimauve du chocolat, on le pose dessus et avec l’autre biscuit on l’enlève du bâton. Vous n’avez plus qu’à déguster le tout avec force de « mmmm » et « miiiiiammm », s’il vous plaît ! ». Au diable les régimes et les jauges de sucre explosées, le sort des guimauves et du chocolat est très vite réglé.

La soirée tire bientôt à sa fin pour tous. Le signal est rapidement donné par les premiers pleurs inexpliqués des plus jeunes et les couvertures ronflantes que sont devenus les plus grands. Les parents tirent donc leur révérence les uns après les autres et lorsque les coups de 2h sonnent enfin, nous ne sommes plus 10 devant le feu, critiquant avec beaucoup de bonheur la liste musicale que l’ordinateur nous offre : Céline, Garou, Céline, Sardou, Céline, Céline, Céliiiiiiine… Finalement, la soirée se terminera sur les coups de 3h, et les deux campeurs que Ti’Namour et moi étions ne dormiront pas dehors, car loin du cercle du feu, il fait 10°C et la rosée n’est pas encore là. On en a tué pour moins que ça nous dit-on. Nous nous coucherons donc au chaud dans un vrai lit cette Saint Jean là, heureux et repus, moi avec une grosse dose d’amour familial dans le cœur et la fierté d’être québécoise dans les tripes.

Bon été à tous donc et prenez le temps de savourer les petits bonheurs de votre vie quotidienne, où que vous soyez, c’est ce qui fait que vous serez heureux n’importe où dans le monde…