24.4.06

Immigration: l'aventure du cyberclient





Pages d'accueil du cyberclient et d'entrée du dossier personnel selon les données transmises par l'Ambassade à l'intéressé dans l'accusé de réception.

Qu'est-ce que le cyberclient?

Le cyberclient est l'outil internet mis en place par le ministère de la citoyenneté et de l'immigration du Canada (CIC pour les intimes des abréviations "immigrantes").
En vous rendant sur cette page et moyennant quelques numéro de dossier et informations personnelles, vous pouvez savoir ce que devient votre demande de résidence permanente (ou de citoyenneté, mais je l'ai pas encore faite :p) dans les méandres de l'administration.

C'est donc vers ce site, qu'une fois l'accusé de réception fédéral reçu, les yeux de tous les candidats à l'immigration canadienne convergent. On s'y connecte parfois tellement souvent qu'on entretien le secret espoir de le voir se transformer en or sous nos yeux... ou plutôt en quelques mots magiques: "Décision prise!"

Comme tous les autres avant moi donc, j'ai pensé de longues journées à attendre que le lundi revienne, non pour son soleil qu'on aura jamais, mais pour la mise à jour de ce bout virtuel de rêve espéré.
Et ce matin, moins motivée que d'habitude, je me penche de nouveau sur le complexe cas du cyberclient muet.
Depuis que j'ai reçu mon AR le 18 février, il s'obstine à me répéter:
Nous avons commencé à traiter votre demande le 15 février 2006
Mais en ce beau et long matin (ffff, un homme de 76 ans qui sait autant de choses et que j'interroge sans réellement savoir où est le début et où est la fin de son importance dans l'affaire qui m'occupe, c'est loooong), j'ai l'extrême et agréable surprise de surprendre mon client virtuel adoré en train de dire:
Nous avons commencé à traiter votre demande le 15 février 2006.

Les résultats médicaux ont été reçus.

Une décision a été prise concernant votre demande. Le bureau communiquera avec vous à ce sujet.

Pages internes du dossier de l'immigrant signalant l'adresse d'envoi des courriers éventuels et l'état de la demande

Hein? Kessé?
C'est la fin des tracas administratifs sans fin que nous impose le Canada pour faire partie des immigrants choisis. De ceux qu'il estime utiles, productifs et dynamiques, aptes à intégrer cette magnifique société nord-américaine.
Oui oui, me voila, théoriquement encore, tant que mon passeport ne produira ni éblouissement ni voix angéliques quand je l'ouvre à la page du visa, mais me voila donc enfin une admise à la résidence permanente.

En fait, j'ai l'impression de revivre mon bac. Les gens autour de moi me disant, mais y a pas de raison que tu l'aies pas. Tu as un bon dossier. Et oui, même impression de soulagement, mais de début.
Car pour moi, la RP n'est pas une fin en soi. C'est le commencement.
Le commencement de ce pourquoi je me bats mentalement depuis 7 ans et physiquement depuis 2 ans.
Vivre et prospérer au Canada, cette terre d'espérance et d'envies, cette terre qui me permettra de prouver mes compétences ou mes incompétences en jugeant sur travail et non sur pièces papier.
Un pays qui me laisse encore la chance de créer sans m'assassiner à la naissance.
Une société dynamique et jeune, qui se cherche encore parfois sans non plus tombé dans l'inconsistance ou l'ignorance de soi. Une culture marquée par son passé de dominé, mais qui tend à devenir aujourd'hui une référence dans beaucoup de têtes et de milieux.
Une société où je ne souffrirai plus de cette errance identitaire qui me donne très (trop) souvent le vertige...
Une société où il fait bon vivre et où enfin, j'ai le droit d'aller vivre!

À signaler:
- un excellent article sur le rapport du Québec à la France: Amère mère patrie, Le Devoir, édition du samedi 22 avril et dimanche 23 avril 2006.
-même Juppé a trouvé son bien-être au Québec! À lire en début de l'article du Nouvel Obs du 20 avril écrit par Ph. Boulet-Gercours sur Montréal dont voici le début:
Dynamique, cosmopolite et accueillante : la métropole québécoise a tout pour séduire. La langue y est familière. Mais la mentalité, résolument américaine

La rumeur court chez les Français de Montréal : les Juppé vont rester ! Arrivée ici en août, la petite famille se plairait tellement qu’elle envisagerait de prendre racine... En vérité, rien n’est encore décidé. Mais l’ancien Premier ministre, qui avait pris du champ après sa condamnation à une peine d’inéligibilité dans l’affaire des HLM de la Ville de Paris, hésite. « Il s’est rendu compte qu’on pouvait fonctionner de façon beaucoup plus simple ici, et il s’est vite adapté », raconte François Lubrina, délégué élu pour le Canada à l’Assemblée des Français de l’étranger. Ce vétérinaire arrivé à Montréal en 1969 raconte comment l’ex-maire de Bordeaux est devenu un pro de la pelle à neige et a souri quand on lui a donné sa première paire de « claques », les couvre-chaussures en caoutchouc que tout le monde utilise ici. Les Juppé et leurs enfants, murmure-t-on, seraient « tombés en amour » avec cette ville jeune, vibrante, cosmopolite, entreprenante et tolérante.

Ils ont raison d’hésiter. On vit bien à Montréal. Enfin, on peut bien vivre à condition de comprendre une chose : les rives du Saint-Laurent ne sont pas un bout de France perdu en Amérique, mais un bout d’Amérique qui se trouve être francophone ! Cela commence par l’attitude : le Français qui pense pouvoir débarquer ici en pays conquis, la fleur au fusil, se fera raboter en deux temps trois mouvements. On le traitera de « faiseur », de « chialeur », s’il râle contre le pays... Et, s’il ne pige toujours pas, de « maudit Français ». Les Québécois n’ont jamais oublié que nous les avons cédés aux Anglais ! Mais il ne s’agit pas seulement de comprendre que la francophonie est une fausse amie, il faut surtout réaliser que cette ville extraordinaire respire le « made in Amérique » de tous ses pores. Montréal fait partie d’un monde où l’on peut se faire virer du jour au lendemain sans indemnités, où il faut travailler pendant cinq ans dans une entreprise avant de se voir royalement octroyer une troisième semaine de congés payés, où il vaut mieux être riche pour naviguer dans un système de santé totalement débordé, bref, une ville dont plupart des habitants se grattent l’occiput d’un air perplexe en découvrant les unes des journaux consacrées à la révolte française contre le CPE ! Allergiques au libéralisme, s’abstenir !

-et aussi cette tribune précédemment diffusée dans la presse québécoise: À mon collègue Alain Juppé- Pourquoi ne pas rester?, Le devoir, édition du 4 avril 2006.

Bonnes lectures à tous!