Le marché Jean Talon à Montréal est une institution autant pour les familles en balade le dimanche que pour les amateurs de fruits, légumes, fleurs, épices et aromates, viandes, poissons et fruits de mer, fromage et autres inventions du genre que la France aurait tôt fait de qualifier de produits du terroir.
On y accède presque par hasard, aux détours des rues de la petite Italie, sans s'y attendre, caché, dissimulé à la vue par les bâtiments d'habitations qui l'entourent.
Remontant en ce matin d'automne la rue Henri-Julien qui borde mon appartement, je profite des rayons d'un soleil généreux pour prendre les photos d'une de ces rues si typiquement montréalaises.
Je savoure d'avance les couleurs de ce marché à l'histoire si particulière puisque là où sont aujourd'hui bâti les halles, on trouvait autrefois un terrain de jeu de crosse irlandais privé, appartenant à la famille Shamrock, dont on retrouve encore la trace grâce à l'une des rues avoisinantes.
Racheté par la ville en 1931, le terrain, qui autrefois attirait jusqu'à 10 000 personnes les jours de match, va d'abord abriter la station de départ des autobus en direction de Laval. La vente de légumes, fruits, fleurs, porc et cochons s'y déroule déja en bordure de la rue Jean Talon.
Le marché, qui se résume alors essentiellement au chalet central dans lequel on retrouve aujourd'hui une célèbre enseigne patentée de boulangerie, est inauguré par le maire Camilien Houde en 1933.
Le quartier déja densément peuplé, et déja de Canadiens italiens qui plus est, reçoit en même temps que ce pôle de transport et d'attraction un poste de police et d'incendie.
La population des paroisses avoisinantes, d'origine Italienne donc, étant habituée plus aux marchés ouverts, à l'instar des marchés européens qui ont bercé mon enfance, la ville n'a pas pensé à se dôté dès le départ de bâtiments.
Elle construisit seulement 3 galeries ouvertes aux vents divisibles en étals. Ce n'est qu'en 1983 que le marché se dote de cloisons amovibles pour l'hiver, rendant les abris saisonniers de fortune que se construisaient les maraîchers caduques.
Le marché actuel est le résultat de divers agrandissements, puisqu'il était au départ situé dans une enclave, dont la seule porte d'entrée était la rue Shamrock. La rue de la place du Marché Nord est percée, ainsi que la rue Henri-Julien et la rue Mozart, dès 1939 et dôtée d'une nouvelle série d'arcades.
Dès 1943 le marché a atteint sa forme et sa superficie actuelle. On dit aujourd'hui encore que ce serait le marché à aire ouverte le plus grand d'Amérique du Nord. Vérité ou galéjade, peu m'importe, c'est un lieu de tous les délices: gustatifs, visuels, odorants, auditifs....
Un lieu de villégiature pour qui sait apprécier les simples plaisirs de se sentir vivant.
Mais qu'y trouve-t-on en cette saison au juste?
Des tas de choses: petits fruits (fraises, framboises, canneberges, bleuets, cerise de terre), des courges, courgettes, choux fleurs, aubergines, navets, pomme de terre, tomates, oignons, des fleurs, des tresses d'ail et de piments, du miel et du sirop d'érable.