20.1.07

3 mois et plus...

À l'heure du premier bilan trimestriel traditionnel des immigrants néo-québécois, je suis bien en peine de tirer une conclusion sur ma situation actuelle versus ma situation précédente.
Je sais que je devrais me réjouir de tous les bienfaits que ma nouvelle situation m'apporte, mais comment le faire quand j'ai la simple impression de ne pas seulement avoir changé de situation mais également de vie.
Quand certains partent recommencer une nouvelle vie au Québec, moi je débute la mienne.
Premiers boulots à temps plein, et première petite entreprise aussi puisque je suis officiellement et fiscalement une travaille autonome, une freelance comme nous aurions dit en France.
Première gestion des comptes du couple aussi, où, même si on ne compte pas les sous trop non plus, on ne peut être aussi généreux que d'autres.
Bizarrement, j'ai appris beaucoup de choses en immigrant, mais pas tant sur les différences culturelles qui auraient dû m'interloquer et que sans doute mes lecteurs assidus de chroniques auraient aimé connaître, mais bien plus sur moi en tant qu'individu professionel. Oui professionnel.
D,abord parce que rebâtir un CV à la sauce nord-américaine demande une introspection plus approfondie tellement que vous avez l'impression de ne jamais pouvoir le remplir.
Ensuite parce que ici le réseautage, les liens qui vont vous ouvrir des portes professionnelles, c'est une chose de tous les jours. Vous vous vendez chaque fois que vous discutez avec quelqu'un, parce que ce quelqu'un c'est aussi un potentiel client ou employeur mais c'est surtout un réseau qui peut vous être utile.

Côté retour au pays, je suis un peu perplexe. Oh pas du Québec qui reste un pays que j'aime. Mais de mon retour. J'ai comme l'impression d'être de retour... sans décalage, sans exotisme, sans surprise aussi. J'ai eu un choc infiniment plus grand en revenant en France après un an au Québec que en revenant au Québec après un an en France. En fait, la seule chose qui m'est réellement choquée, c'est l'absence quasi totale de neige jusqu'à ce lundi où elle a commencé à tomber et n'a pas arrêté pour le moment.
Mais côté roulement des administrations, marché du travail, alimentation, expressions, relations humaines, rien. Le néant. L'absence totale d'ailleurs de sujet intéressant pour mes chroniques à ce sujet.
Laurence Nadeau me disait que mon point de vue était intéressant parce que justement je revenais au Québec après une année de décantation. Que je ne venais pas avec un oeil neuf mais avec la critique d'une personne qui a eu un recul d'une année. Certes, mais à quoi peut bien servir ce recul pour mes chroniques quand je le ressens plus comme un handicap que comme un adjuvant?
Ah les mystiques de l'inspiration direz-vous!
Oui je sais, je fais très états d'âmes de bistrot mais retrouvez donc de la Boréale auprès de vous après une presque année de disette et nous en reparlerons ensuite!
Non décidément, ce bilan trimestriel est mitigé. Ma vie est belle. La chance n'arrête pas de me sourire et j'en suis fort aise. Prenez ce phénomène étrange qui sévit autour de moi depuis quelques mois: la facilité déconcertante avec laquelle je peux charmer les gens et avoir des rabais ou des cadeaux. Un peu de bagoût, beaucoup d'intérêt (rarement feint en plus!) et mes meilleurs sourires (le plus souvent sincère) et me voila couverte d'attentions appréciables mais inattendues.
Cela avait commencé déja à quelques jours du départ quand tour à tour les potiers de ma ville m'avait qui fait un rabais qui un cadeau (une cigale diffuseur de parfum à la lavande, pour que je n'ai pas le mal du pays!).
Cela a continué avec de la laine gratuite, des minouches (gâteries) pour le chat, des brochettes d'ananas chez le dépanneur thaï, hier une pinte de cidre! JF n'en revient pas mais à chaque fois, je ne demande rien et cela me tombe du ciel! Mon étoile est bien active et je la remercie infiniment!
En fait, je pense que je sousestime ma situation. Sans doute que j'aurai bien plus à en dire que je ne le crois mais comment en être sûre ? En me jetant à l'eau, probablement. Mais pour faire quoi? Lister les bienfaits et les bonheurs de ma vie actuelle versus celle que j'avais en France. La liste serait longue mais inutile, je le redis ma vie ici est nouvelle, pas par le pays, mais par l'épisode de vie qu'elle représente. Lister les malheurs et les manques de cette vie-ci ne serait pas plus éloquente d'ailleurs.
Non en fait, mon bilan n'est pas mitigé, il est serein, il est quotidien, il est normal. Ni hauts ni bas particuliers inhérents à ma situation d'immigrante. Juste un lot quotidien d'angoisse pour une jeune travailleuse autonome fraîchement diplômée et sortie des bancs de l'université. Rien que de très banal sans doute!

En tout cas, ce bilan des trois mois salue néanmoins le dynamisme de mon réseau avec l'arrivée mercredi de cette chère Valentine (Trip autour du Québec et Trio européen), la présence encore active de Adrien et de Valérie et l'ajout en cours de route de Benjamin L. et de Olive (tous ACLiens, frères de galère, de beuveries, de "accollades" et de bancs universitaires)... Bonne année les néo et les anciens, à quand la petite binouse niçoise?