17.9.09

Que le temps passe vite

Déjà un an que je n'ai plus écrit sur ce blog.
Pas le temps, pas l'envie et pourtant tant de choses qui se sont passées.
La perte de mon emploi, l'embauche dans un autre, le décès de mon père, mon mariage, une fausse couche...
Beaucoup de choses que j'aurais pu conter mais qui m'ont laissée sèche, sans goût d'écrire. Plutôt le goût de crier beaucoup de choses...
Mais ce n'est pas parce que rien ne bouge ici que cela ne bouge pas ailleurs...
Et bonne nouvelle, le blog nouvelle mouture s'en vient prochainement. D'abord, il migre vers d'autres cieux. Retrouvez-nous donc sur www.surlescheminsduquebec.ca

Une dernière chose, pour ici comme pour le suivant: je me refuse à publier tous commentaires contenant une adresse courriel. N'oubliez pas que les spams commencent toujours quelque part et les lieux où on attrape le plus les pourriels, ce sont les forums et autres blog où on laisse trop facilement son adresse e-mail!
Laisseriez-vous votre numéro de carte crédit ou de téléphone sur internet au su et vu de n'importe qui?
C'était un pensez-y-bien!

9.3.08

8 mars 2008- journée de la femme/tempête de neige

Eh oui, encore une!
Ici on n'a pas fêté la fête de la femme mais celle de la neige! La naiyge même devrait-on dire.
En veux-tu? En voilà! Vlan, partout. Tout plein!
C'est beau mais c'est froid. Puis Tremblay sait plus quoi en faire et nous on va payer avec nos impôts pour un service qui est complètement dépassé par les événements. Et le plus drôle c'est qu'ils vont sûrement se réajuster l'année prochaine et on aura un hiver bien moins neigeux tant qu'à faire ....
Nan nan pas ironique du tout ce matin.
Une petite vidéo de chez Radio Canada, où on voit parfaitement le vent qui souffle dès les premières minutes du reportage. Une hécatombe? Non, mais le fait qu'une autre soit prévu mercredi ça c'est la fin du monde!!
Je me moque mais 18 000 abonnés d'Hydro se sont retrouvés sans électricité quand même... Ah les joies de l'hiver qu'ils disaient!

21.2.08

Des jours et des jours...

Y a des jours avec et des jours sans.
Des jours où j'ai fortement envie de chercher du boulot et où je trouve de superbes annonces qui me bottent et qui sont dans mes cordes et jours où c'est niet, nada, que dalle.
Y a des jours où je me dis que franchement je devrais accepter n'importe quoi du moment que c'est payé et puis le plus souvent je m'y refuse. C'est pas plus bénéfique pour une carrière de prendre n'importe quoi que de prendre des emplois qui ne sont pas dans son domaine non?

Puis y a aussi ces jours où je me lève, je fais mes 4h de recherche d'emplois, mes 2h de recherches et rédaction de lettres, puis mon heure et demie de grammaire anglaise. Et puis y a des jours où je ne fais rien de tout ça. Et aujourd'hui, c'est un jour comme ça. Pas envie de chercher, pas envie d'étudier.
Non pas que ma journée n'a pas été productive hein! J'ai contacté un membre de mon réseau pour lui envoyer mon CV, j'ai envoyé les courriels qui étaient en attente depuis des mois, j'ai relu et renvoyé ma chronique, je mets mon blog à jour, j'ai fait une lessive, j'ai fini les robes des filles d'Anne-Lise, j'ai lu le chapitre en attente dans mon livre de chevet depuis 2 semaines.
Puis j'ai parlé avec quelqu'un dont j'admire chaque jour la ténacité, le grand coeur, le courage. Une dame très bien qui se bat pour les autres, pour les enfants des autres. Une dame qui mène un combat d'abnégation incroyable et que j'admire.
Et je lui dit tout ça et le coeur sur la main, elle m'offre son amitié au-delà des frontières. Et c'est ce genre de jour-là où je me dis que c'était un jour avec...

Ma dame de coeur du jour: http://www.les-brassieres-du-coeur.org/pages/0.html
Pour le Québec: contactez le secteur des bénévoles de Sainte-Justine: (514) 345-4840

Les compagnies de la Nouvelle-France

On poursuit le cycle du 400ème.

Les compagnies en Nouvelle-France.

Lorsque nous nous sommes quittés il y a quelques semaines, Cartier venait de prendre possession au nom de la couronne d’une nouvelle terre qu’on appellera bientôt « Nouvelle-France ».
Mais alors encore point de trace de la « Capitale Nationale ».
Cartier meurt en 1557, dix ans après son principal souteneur François Ier.
La France entre en guerres de religion et les explorations ne sont guère menées avant l’Édit de Nantes (1598), hormis un épisode en Amérique du Sud (Brésil notamment). On maintient néanmoins des relations de commerce et d’exploitation avec les terres découvertes par Cartier.

Très tôt la pêche y est établie au large de Terre-Neuve, le commerce des fourrures commence à s’établir dans le coin de Tadoussac.
En 1597 c’est le breton Troilus de la Roche de Mesgouez (plus connu sous le nom de « de la Roche ») qui représente la première tentative de compagnie en établissant son camp de base en Nouvelle-Écosse. Partant de Canso, il ravitaille la métropole chaque année en poissons et autres merveilles des terres nouvelles. Cette tentative se termine hélas par une mutinerie en 1603 et le rapatriement de 11 survivants.

Mais l’exportation a déjà créée des besoins. Outre la mode des peaux de castors sous diverses formes, le poisson des pêcheries est un mets couru qui souffre de concurrence. Bretons, normands, portugais et espagnols se disputent les bancs et la couronne française rêve d’asseoir son exclusivité sur ces terres, les anglais s’y pointant déjà (terre de Baffin).

Mais avant Champlain, ce sera le courageux Pierre Chauvin dont Tadoussac porte encore les fières traces qui établira un poste de traite de fourrures. Henri IV lui ayant concéder le monopole sur la région, il part s’y établir dès l’été 1600. Il laisse 16 hommes sur place pour l’hiver, dont son frère ou son gendre (ceux qui sont allés à Tadoussac se souviennent peut-être de la plaque et de ce qui y est dit). À son retour au printemps, il reste 5 hommes qui n’ont survécu que grâce à l’amitié indienne.

Pour affermir leur mainmise sur le Canada et combler leurs rêves de grandeurs, les différents États ont besoin d’exploiter les terres qu’ils possèdent mais ont également besoin alors de prouver qu’ils y vivent. Le peuplement et le commerce seront donc les maîtres d’œuvres des destins des différentes colonies des couronnes européennes.
Les compagnies sont fondées, très tôt dans l’histoire, comme les sociétés de capitaux. Des associés s’unissent en apportant une part du patrimoine pour obtenir le droit de traite des fourrures exclusif, celui de pêcherie, celui d’exploitation du bois, bref la « mise en valeur » du territoire.
Le siège social reste dans la métropole mais la compagnie est propriétaire du territoire que lui concède la couronne dans l’exercice de ses fonctions et les compagnies s’engagent en général à peupler la colonie (vrai pour les Antilles et la Nouvelle-France) et à la faire fructifier, en louant les terres aux colons et aux entrepreneurs.
Parlant de peuplement, les compagnies exercent alors une espèce de parrainage collectif en fait, pendant X années ou pour atteindre X colons, nombre fixé comme étant le minimum vital pour que la colonie prospère. Elles attirent les colons, les transporte, les fixe à une terre louée à rentes ou à cens et assurent leurs subsistances durant un temps donné. Rien ne se crée…
Elle exerce également les pouvoirs royaux sur le principe féodale de suzeraineté, prélevant les taxes, exécutant la justice et gérant les groupes locaux. Le gouverneur est nommé par le roi comme représentant du roi et chef suprême de la colonie mais son poste est en lien avec la compagnie qu’il représente. Le roi conserve le droit de révoquer la compagnie.
L’état en retour leur confie un monopole sur l’exploitation des ressources de la région et leur commerce pendant plusieurs années (11 à 40 ans dépendant des compagnies) et s’assure tant bien que mal de les protéger sur les mers des pilleurs.

On sait que ce système de colonie n’a guère eu de succès, alors pourquoi j’en parle donc?
Parce que de nombreux épisodes de l’histoire civile du Québec en sont partis. La relation avec la métropole est aussi fondée sur ce rapport, des grands noms de l’histoire québécoise sont issus de ce système également. Et le parallèle entre la « colonisation » économique et l’immigration économique serait tentante[i]. Les conditions sont différentes, les buts sans doute aussi mais tout de même, que des milliers de colons français aient quitté un territoire dont ils savaient beaucoup pour un où ils ne savaient rien, tentés par, par quoi tiens? La possibilité d’avoir une terre? La possibilité de se marier (les filles du Roy)? La possibilité de recommencer ailleurs et mieux peut-être que sur les terres natales? Et il est tout de même intéressant de voir que les conditions étant ce qu’elles étaient à l’époque, tant d’hommes et de femmes aient pu survivre là où nous nous plaignons si facilement donne des perspectives différentes, non? Pensez donc à ces colons poitevins qui durent endurer leur premier hiver sans électricité ni chauffage ? Oh oui le bois des cheminées, certes, mais avez-vous récemment été en forêt en hiver avec pour seul source de chaleur un foyer au bois et comme seuls habits des fibres naturelles de laine et de coton?

Mais revenons à nos compagnies.
La Nouvelle-France, et parallèlement donc, la couronne française en verra des nombreuses entre 1608 et 1789. Les principales dans notre affaire seront sans doute la Compagnie de Canada en 1613 qui servira de soutènement à Champlain puis celle de Caen qui lancera la véritable machine des compagnies; la Compagnie de la Nouvelle-France dite « des Cent Associés » fondée en 1627 par Richelieu et qui établira des règles suivies par la suite comme la seule immigration des catholiques, la possibilité pour le clergé d’être membre des compagnies, le devoir d’évangélisation des compagnies et l’obligation de subvenir aux frais de cultes et le soutien des ministres du culte; celle de Louis XIV et de son ministre Colbert la Compagnie des Indes occidentales.

La Compagnie de Canada entre en fonction en 1615 avec un monopole sur la traite de 11 ans dans la vallée de Matane à toute la région supérieure du Saint-Laurent. En 1623, la Compagnie n’a encore amené qu’une cinquantaine de colons et favorise le commerce avant tout.
C’est sous le monopole de la Compagnie du Canada que le bon Louis Hébert, le premier colon officiel de la Nouvelle-France qui fut aussi de l’expédition de 1604 en Acadie avec Champlain et de Monts, arriva accompagné de sa femme, de leurs enfants et de son beau-frère.
Cet homme dont on trouve trace à Québec (à vous de trouver la plaque commémorative ;) ) était apothicaire de son état. Et vu son acharnement constant à revenir en Nouvelle-France, on peut dire qu’il avait vraiment envie de s’y installer.
Ainsi en 1604, il embarqua avec Samuel de Champlain et Pierre du Gua de Monts (qui avait lui-même déjà accompagné Chauvin à Tadoussac) pour aller s’établir sur l’île de Sainte-Croix. Louis Hébert agissait alors comme homme de médicine, cultivant des herbes médicinales présentées par les Micmacs.
Lorsque cet établissement échoue, il retourne à Paris à sa boutique d’apothicaire avant de revenir en 1617 tentait l’aventure en Nouvelle-France.
Champlain perd toute confiance en la Compagnie de Canada et multiplie les démarches pour que lui soit soustrait le monopole. La Compagnie est agacée et tente de lui faire enlevé ses pouvoirs de commandant de la colonie mais en 1619 il est maintenu en place par le duc de Montmorency. En 1620 le monopole passe à la nouvelle Compagnie de Caen pour 11 ans, monopole qui n’inclut alors plus la pêche et n’implique l’installation que de 6 familles en 11 ans.

En 1624, Richelieu arrive en place et se fait convaincre par Champlain. La Compagnie de Caen s’est fait des ennemis, Champlain n’en est pas satisfait et en 1627, elle est abolie et remplacée par la Compagnie de la Nouvelle-France ou « des Cent Associés », en référence au nombre des actionnaires qui la compose.
Bien que l’on ne soit pas entièrement d’accord sur la répartition sociale des membres, la compagnie compte néanmoins des gentilshommes, des seigneurs, des marchands, un notaire, un médecin et premier fait notable plusieurs religieux dont Richelieu lui-même qui en est à la tête.
La Charte des Cent-Associés[ii] inclut notamment le devoir de faire passer 200 à 300 hommes par an puis jusqu’à 4000 par la suite d’ici à 1643, tous catholiques et français second fait notable. Le devoir de peuplement y est alors grandement impliqué.
La Charte implique aussi l’établissement de au moins 3 religieux en charge de la vie morale des colons, et oblige la Compagnie a en prendre soin, troisième fait notable. Enfin, on écrit que tous les descendants de colons qui resteront en Nouvelle-France (qui s’étend dans la Charte jusqu’en Floride! L’engouement québécois vient-il de là?) et tous les « sauvages » (sic) qui seront évangélisés et baptisés seront considérés comme Français.
En 1644, alors que la colonie est dans un piètre état, la Compagnie des Cent-Associés est en faillite. Champlain est mort, Québec a subi une première conquête anglaise, les Iroquois, les Algonquins et les Hurons sont en guerre. La Compagnie des Cent-Associés, pour se relever, cède une partie de son monopole à la toute nouvelle Compagnie des Habitants dirigée entre autres par Pierre Le Gardeur de Repentigny, un proche du gouverneur de Montmagny. Cette Compagnie fait rapidement des bénéfices mais le partage en est inéquitable. En 1659, elle cède elle-même une partie de ses droits à une autre compagnie et disparaîtra définitivement, après un bref sursaut, en 1663, en même temps que celle des Cent-Associés.
La Nouvelle-France compte alors 2500 personnes, hors Acadie déjà occupée, dont la moitié provient de l’immigration et l’autre moitié des naissances! La totalité des colons représentent alors environ 400 et quelques familles, majoritairement de Perche et de Normandie. Ils sont majoritairement laboureurs et défricheurs mais on compte néanmoins des maçons et des charpentiers, utiles à l’édification des nouvelles villes de la colonie, des soldats, des marins et quelques autres métiers divers constituant les bases d’une nouvelle société en pleine expansion. Ces colons se répartissent alors à Québec (fondée en ? ben oui 1608!), Trois-Rivières (1634) et la petite dernière Ville Marie, future Montréal, fondée en 1642.

C’est Louis XIV qui reprendra les politiques coloniales en accédant au pouvoir, avec l’appui de Colbert. Il réforme d’abord le système politique en Nouvelle-France en faisant du gouverneur le représentant du roi exclusivement et en l’asseyant sur un siège éjectable en tout temps. C’est Augustin de Safray de Mézy qui s’y colle donc le premier.
En 1664, Louis XIV crée la Compagnie des Indes occidentales, qui a en charge : le Canada, l’Acadie, Terre-Neuve, de la Virgine à la Floride, de l’Orénoque à l’Amazone, les Antilles, en Afrique du cap Vert au cap de Bonne-Espérance. Si la pêche est libre, la Compagnie a un monopole de 40 ans sur le commerce et la navigation. Elle doit subvenir aux frais du culte et des missions, et pourvoir à la colonisation, sans directives quantitatives pour autant. La compagnie ne sera jamais très en veine, tournée vers le commerce sur un territoire voué à la colonisation, et le roi la révoque en 1674.
C’est dans le temps de cette compagnie que Jean Talon sera nommé intendant de la colonie et c’est lui qui notamment mettra des bâtons dans les roues de la compagnie en veillant fort bien au développement de la colonie par le recrutement de colons, le développement du territoire dans ce but, et non dans celui du commerce, en prévoyant l’établissement des villes de manière à ce que l’agriculture se développe facilement, de manière diversifiée. Malgré les réticences du roi et de Colbert, il parviendra à faire passer 2500 français au Canada pour atteindre 6700 habitants en 1672. C’est sous Talon que les Filles du roi arrivent. Et contrairement à une vieille légende ce ne sont ni des prisonniers ni des prostituées qui fonderont la Nouvelle-France mais des filles orphelines et pauvres qui viendront prendre mari, des familles pauvres rêvant de mieux être en Nouvelle-France, assurées qu’elles étaient d’avoir un moins un lopin de terre pour s’établir, et d’autres engagés du genre, plus pauvres que malhonnêtes.
C’est aussi l’époque des premières allocations familiales puisque chaque famille de 10 enfants et plus reçoit un paiement du roi, et on exclut du compte des enfants ceux qui sont entrés en religion. On pressure tellement la population pour l’accroissement que les jeunes hommes venus au Canada pour l’aventure tentent de se soustraire aux obligations de mariage par une nouvelle mode : la course des bois!
Enfin Talon veille au développement de la colonie en oeuvrant pour le développement de son industrie.
Talon quittera le Québec en 1672 et tentera d’y revenir en 1681, mais rencontrera l’opposition de sa hiérarchie ecclésiastique.

D’autres compagnies ont existé dans le paysage québécois et bien d’autres encore dans le paysage canadien (dont la plus célèbre reste sans doute la Compagnie de la Baie d’Hudson dont il reste encore une trace non moins célèbre, la compagnie La Baie) mais toutes n’ont pas eu les mêmes impacts que celles-ci. Par leur volonté d’exploitation du territoire, elles ont contribuées à amener le terreau fertile qui a permit l’édification de la société que nous connaissons.
Le français comme langue commune, le catholicisme comme pendant longtemps religion d’état, avec tout le mode de pensée et les valeurs qui s’y rattachent, mais aussi le mode d’organisation qui va avec, sont arrivés avec ces premières compagnies. Pas grâce à elles, mais avec elles. Avec cette soif d’expansion et de richesse qui courait dans bien des cercles de l’époque.
Parce qu’aussi longtemps encore les Compagnies ont subvenu aux besoins des colons mais surtout du clergé, le lien colonie-métropole a été fort et vital. Et c’est parce que ce lien-là existait si intense que lorsqu’il fut rompu su abruptement, la blessure a fait si mal.

Mais ceci est une autre histoire….


[i] D’autant que dans plusieurs ouvrages d’histoire on parle d’immigrants pour colons et d’immigration pour colonisation. Nombre des gens qui sont en effet des colons étaient tout aussi volontaires que nous le sommes nous aussi, sauf qu’autrefois le besoin était édicté par la métropole et qu’aujourd’hui c’est l’ex colonie qui le stipule et le vante dans son ex-métropole.

[ii] Texte intégral disponible ici : http://www.canadiana.org/ECO/PageView/40523/0031?id=ee0dd9e390e5db9a

Il était une fois... Le Québec

En cette année 2008, 400ème anniversaire de la ville de Québec, je débute un cycle de chroniques sur l'histoire du Québec.
Voici la première:

Il était une fois... Le Québec

Nous sommes en l'an de grâce 1534 sur le pont d'un bateau balloté par l'Océan:

"25 avril 1534.

Ma belle Madeleine,

Je suis embarqué sur ce bâteau depuis quelques jours mais cela fait des mois que je ne t'ai vu. Quand le sieur capitaine nous a embarqué à la Pâques passée, son second nous avait promis que toutes nos dettes seraient remboursées. J'ai quitté la prison pour une poignée de pierres promises mais j'ai été un sot et un fou de l'y croire. Me voila sur cette coque de noix pour me rendre dans les terres neuves, au-delà d'un nouveau monde qu'un gênois a découvert qu'ils disent, pendant que toi tu portes mon dernier né et tu gardes la ferme comme une âme en peine. Que je pleure de ne l'y voir la face à cet enfant-là.
Le sieur capitaine veut nous mener au bout du monde, vers l'Orient et ses richesses. Nous serons riches dit-il, nous n'aurons qu'à ramasser les tissus et les pierres que les hommes jettent comme de vulgaire paillot raconte-t-il.
Les hommes ont peur. On murmure que ce n'est pas l'Orient où l'on nous mène mais l'enfer et ses démons. Madeleine, si je ne dois jamais te revoir, confies mon âme au grand Saint Christophe ma mie.


27 avril 1534.

Certains hommes murmurent dans leur sommeil. Le diable cogne à la porte de leurs esprits. Il nous fait voir des créatures étranges.
Hier, nous avons aperçu de l'eau qui sortait de la mer, en long jet. Les hommes ont peur. Nous ne savons où nous allons. Nous rationnons la nourriture, car qui sait quand nous rentrerons.
Aucun navire, aucune terre, nous sommes sur la bonne voie dit ce méchant capitaine. Mais de quelle voie parle-t-il si ce n'est celle de l'enfer?


1er avril 1534.

Madeleine, il me semble avoir vu un bâteau cette nuit. Je faisais mon quart là-haut sur le grand hune et j'ai cru apercevoir l'un de ces bâteaux de pêche batant pavillon espagnol ou français peut-être. Peut-être ma blonde que notre capitaine n'est pas atteint de rêveries diaboliques. Peut-être bien qu'il y a là-bas une terre, riche, belle, promise?
Ce matin le ciel était fâcheux, les creux auraient rendus malade toute la chienlie du bagne. Pour justifier notre folie, grand Saint Christophe, offre-nous l'opportunité de voir une terre qui vaille.


8 avril 1534.

Des oiseaux. Nous avons aperçu des oiseaux Madeleine ce matin! Des oiseaux! La terre n'est plus très loin ma belle.
Lorsque je reviendrai, je t'amènerais de ces étoffes dont on dit que seules les reines peuvent se parer. Je te couvrirais de ces pierres vertes que le seigneur de ton père portait sur son sceau. Je ferai de toi la plus belle et nous aurons 3 vaches mon amour, à nous, bien à nous, pour donner du lait à mon fils. Et jamais plus je ne devrais courber le dos pour recevoir le fouet de n'avoir payer leur dîme.


10 avril 1534.

La terre, nous l'avons vu! Une terre neuve, offerte après 20 jours de longue mer. Nous avons mis cap sur le Nord.
Le coeur des hommes et le mien est empli d'impatience. Ah la douce folie! Nous allons être riches, le sieur capitaine avait raison.


14 avril 1534.

Nous longeons des côtes effroyables Madeleine depuis quelques jours. Le sieur capitaine dit que cette terre doit être celle que Dieu a donnée à Caïn pour avoir tuer Abel. Nous avons pris la direction du sud maintenant, ces côtes si tordues ne sont sans doute que des îles infertiles, posées là pour nous détourner de notre chemin et nous faire accroire que nous sommes au bout. Mais non le grand empire est plus loin encore et nous serons les premiers à en trouver les portes par cette voie, le bâteau des bretons, car il était de la Rochelle ma mie, leur bâteau est resté en arrière. Il mouille dans une baie que le sieur a nommé Brest sur sa grande carte.
Il y trace les lignes des terres que nous voyons et la position des étoiles aussi. Il dit qu'il veut tout y consigner pour que les flottes marchandes du Roy se rendent ensuite sans danger vers l'Orient.

10 juillet 1534.

Madeleine,

Hier que d'aventures. Au matin notre coque a heurté le fond. Nous sommes trop lourds et l'eau trop peu profonde pour pousser plus avant.
Nous sommes au milieu d'une baie à quelques milles des terres. Le sieur est parti en barque avec quelques hommes car nous avons vu de la fumée sur la côte. Il y a là-bas des hommes qui vivent, pour sûr mon amour. Et nous saurons très vite si nous sommes en Orient.
La folie a repris quelques hommes qui disent que ce sont sûrement des démons que l'enfer nous envoie pour nous tenter, ma mie, moi je sais que ce n'est pas ça. Nous avons trouvé une terre ma mie, Madeleine, une terre neuve.


16 juillet 1534.

Ma mie je ne sais si ce sont des hommes mais leur apparence y est semblable. Leur peau a une teinte similaire à celle de notre Pierrot quand il aidait aux champs mais leurs cheveux sont noirs, comme leurs yeux. Plusieurs portent sur la tête un panache de plume et ces sauvages parlent une langue qu'aucun homme ne comprend. Le sieur Cartier les a rencontré il y a deux jours à peine, il nous a demandé d'être prudents mais affables avec eux.

24 juillet 1534.

Madeleine, je n'écrirai pas beaucoup ce soir. Mes bras et mes mains sont endolories par l'ouvrage de ce jour. Nous avons entrepis de construire une croix de près de trente pieds dans les troncs des arbres que l'on trouve en abondance ici. Après que nous l'eûmes élevée, le Sieur Cartier y a placé l'écusson du Roy. Nous repartons bientôt Madeleine, je reviens vers toi.
Nous n'amenons qu'une maigre récompense, deux de ces sauvages, les fils de leur Roy semble-t-il. Le sieur capitaine prétend que l'on ne nous croira pas sans ceux-là. Mais toi ma mie, tu me crois-ty?"

L'histoire de ne dit pas ce qu'advint ce marin une fois rendu à Saint-Malo ce 5 septembre 1534. En revanche on sait que l'histoire des "Terres Neuves" fut crue et l'on embarquât 110 hommes sur 3 navires pour une exploration plus longue.


"23 mai 1535.

En ce jour béni, puisse le vent gonfler toujours nos voiles pour atteindre les Terres Nouvelles rapidement.
Nous voguons à bon train en arrière des deux Hermines et le moral des hommes est au beau fixe. Sieur Cartier nous convit à des repas sur son bâteau en compagnie des deux sauvages.
Ils nous ont parlé hier encore de tout cet or qu'on trouverait chez eux. Si nous venons à les convaincre de nous en faire cadeau, le Roy ne sera pas avare de partager sa grande richesse par quelques honneurs et titres.
L'aventure est excitante et mon vieux père avait tord de me déconseiller de suivre ce gentilhomme Cartier par delà les mers. La bénédiction de l'Évêque est avec nous, nous ne pouvons que réussir.

15 juillet 1535.

Eh bien qui eut cru que l'aventure fut si longue. Voici des jours que nous voguons et aucune terre en vue. Cartier prétend que nous n'en sommes pas loin mais rien ne nous indique qu'il ait raison. Nous avons essuyé deux tempêtes en ligne et l'équipage fait mine de chicane avec nous. Les rustres semblent prendre plaisir à nous voir malades sur le pont de ce maudit rafiot.

8 août 1535.

Nous sommes en vue des terres. Les deux sauvages s'agitent. Ils expliquent avec les rudiments de notre langue qu'ils ont apprises qu'il y a un passage, une rivière qui mène au royaume du Saguenay, là où l'eau déborde disent-ils.

16 août 1535.

Hier nous avons pris pied sur une île que nous avons baptisé l'île de l'Assomption. Et nous voila maintenant en direction du nord-ouest, nous longeons des terres sans s'y arrêter cette fois. Nous cherchons l'embouchure de la rivière dont nous ont parlé les 2 indiens.


20 août 1535.

Nous navigons sur une eau plus calme et douce. Une immense rivière mais dont les rives sont distantes de plusieurs milles. Une immense rivière.


15 septembre 2535.

Nous avons vu de nos yeux le Roy des "Iroquois", Donnacona. Il a embarqué dans son canot Cartier la semaine passée. Sa peau est plus brune que celles de nos marins mais ses manières seraient presque plus courtoises. Il a semblé heureux de voir ses fils vivants et de retour et nous a donné l'accès à un mouillage pas loin de son village, Stadaconé. Il est situé sur un Cap qui domine la rivière. Un bon poste d'observation quant à moi. Il y a sinon du génie militaire tout de même de l'inspiration en cet être là. L'iroquois prétend que ce village, est capitale de ce pays. Mais Cartier a entendu parlé d'un village plus avant dans les terres et il tient à s'y rendre au plus vite. Il craint l'hiver qui arrive et que Dommagaya lui a décrit comme effroyable. Un froid qui mord les chairs et laisse peu de chances à ceux qui ne sont pas préparer.

20 septembre 1535.

C'est finalement avec notre bâteau, L'Émerillon que nous avons mis le cap vers le village en amont. Donnacona et les siens ont tenté de nous en empêcher mais nous avons appareillé avec discrétion et avons levé l'ancre avec les hommes qui étaient sur le bâteau. Ceux qui étaient à terre sauront trouvé une place dans les Hermines.
Nous avons pris le temps d'observer le paysage. Proche de Hochelaga, le fleuve s'étrangle, et les berges autrefois si lointaines, semblent réellement plus proche depuis lors. Nous avons fait des expéditions de reconnaissance et sans contexte, la rivière est plus large en aval et va en s'étrécissant en amont. C'est pour cela que nous n'avons pas pris les Hermines, elles sont bien trop grosses pour naviguer dans ces conditions. Qui sait ce que nous rencontrerons plus loin. Nous avons cru bon de prendre des barques, si L'Émérillon se trouvait trop gros lui aussi, nous serions bien en peine d'avoir pousser si loin sans utilité.

2 octobre 1535.

Il fait nuit. Nous venons d'arriver à Hochelaga, un village en bois de quelques 2500 âmes surplombé par une montagne. Cartier a décidé que ce serait le Mont de sa majesté le Roy, le Mont-Royal. Les gens ici semblent accueillants. Ils nous convient à une expédition demain.

15 décembre.

Le mal de terre vient de faire encore des victimes. Et ceux qui n'en souffrent pas sont au prise avec le vent glacial de l'hiver.
Les neiges ont recouvert les arpents de terres aux alentours et les glaces emprisonnent nos bateaux où ils sont.
La glace est si épaisse par endroit qu'un groupe d'homme peut s'y promener sans risquer de tomber dans l'eau gelée qui coule en dessous.
Les iroquois n'ont pas apprécié la ruse de Cartier cet automne et ils semblent pressés que l'on reparte. Ou que l'on périsse.
Nous avons quand même pu échanger quelques babioles contre des fourrures et un peu d'or. Quand nous étions à Hochelaga, on nous a parlé d'une rivière qui menait au pays de l'or, dans le royaume d'autres peuples, mais nous ne savons pas s'ils sont amis ou ennemis avec nos hôtes."

Finalement 25 personnes périront cet hiver-là du scorbut et d'autres de froid encore.

Au printemps, les choses s'envenimèrent avec les Iroquois mais un accord fut passé entre Donnacona et Cartier et au mois de mai, quand les glaces eurent complètement fondues, Cartier, la Grande Hermine et L'émérillion, 10 iroquois dont Donnacona, quittent le mouillage pour faire route vers la France, une France en guerre contre l'Angleterre, encore.

Cartier a hâte de repartir, mais le roi ne l'entendra pas comme ça et après maintes tergiversation, le marin pionnier quittera pour un troisième voyage en 1541, sans Donnacona et les autres Iroquois, pour cette terre dont il avait rêvé.

De ce troisième voyage, il ramènera ce qu'il pense alors être de l'or et des diamants (ceux-ci donneront leur nom au Cap sur lequel Cartier fit construire le second fort), et qui ne seront que pyrite (l'or des fous) et mica.

Puis viendra le temps des Compagnies qui se chargeront d'exploiter ce qui est alors exploitable en Canada. Mais ceci est pour la prochaine fois.

15.1.08

Ça se passe de commentaires

Découvert aujourd'hui et JF et moi nous en délectons depuis!

Entendu à Montréal

24.12.07

Le temps des fêtes au Québec

Ho ho ho! Santa Claus is coming to town!

Eh oui, le temps des fêtes au Québec, c'est comme être dans un film états-unien. Car le temps des fêtes au Québec est un temps particulier dans l'année.
Oui en France on trouve des Pères Noëls dans les centres commerciaux, de la décoration, quelques chansons, mais c'est sans commune mesure comparable avec les fêtes ici.

Le temps des fêtes au Canada, ça commence début décembre avec la sortie des timbres spéciaux.




Le premier, qui reprend, dixit annuaire philatélie, une oeuvre du peintre Antoine-Sébastien Falardeau, est destiné aux courriers internes à la Confédération.
"La joie" est envoyée sur les USA et "la paix" sur l'Europe. Le dernier, timbre permanent sur le thème du cerf/renne, s'accorde parfaitement à ma carte de l'année (choisie sur Vista Print en novembre soit avant la sortie du dit timbre):


Mais Postes Canada ne se contente pas d'offrir des timbres pour les fêtes, Postes Canada est également le centre officiel mondial de traitement du courrier adressé à Santa Claus, Saint Nicolas, le Père Noël.
L'adresse du Père Noël? Ben si vous posez la question c'est que vous n'êtes pas un enfant, c'est sûr. Bon alors si vous la demandez et étant donné que je l'ai, je vais vous la donner:
Père Noël
Pôle Nord, Canada
H0H 0H0

Le temps des fêtes pour nous, ça a aussi été l'occasion de s'acheter un sapin... Imprévu mais puisque nous faisons un Noël des amis à la maison le 26, on ne pouvait le passer sans sapin tout de même.


On aperçoit au pied du majestueux arbre notre ensemble à fondue au chocolat, cadeau de JF à moi et de moi à JF ;)
En parlant chocolat, le temps des fêtes de cette année a aussi été l'occasion de refaire des truffes au chocolat maison (j'avais essayé v'là 3 ans):






Emballés dans une boîte fait maison:

Nos friandises seront probablement appréciées par les gens qui vont les recevoir.

Joyeux Noël à tous et que la joie soit avec vous ce soir!

22.12.07

Premier jour de vacances

Premier jour de vacances, la maison est pleine de la fatigue qu'on accumule moi depuis cet été, JF depuis 2 semaines.
Alors que je m'étire pour m'extirper du canapé et de ma contemplation de la neige qui fond sur le balcon, je me demande ce que fait mon homme.
J'aperçois d'abord Sanzô qui a élu domicile sur mon écharpe depuis quelques jours:


Je me dirige ensuite vers le bureau :


Un tour de maison plus tard, je peux le dire, on profite de notre première journée à 0.2 m à l'heure.
Bon ben je vais aller faire une sieste moi aussi, après tout le temps gris n'invite guère à plus d'activité!

18.12.07

Caricature du jour

La Presse, 18 décembre 2007, Montréal. Serge Chapleau.

Caricature post-tempête du 16 décembre: